A chaque fois qu'il se passait quelque chose, on pouvait dire que Saleisha était plutôt atrabilaire. Tant qu'elle n'aurait pas gagné, elle ne pourrait se calmer. C'est pourquoi se retrouver face à cet homme l'insupportait. Son sourire sournois était plus qu'agaçant. Si la force de Saleisha avait été plus grande, elle n'aurait pas hésité à l'envoyer paître. Mais malheureusement, ce n'était pas le cas. Entre les deux, tout avait l'air de s'opposer. Cela pourrait presque faire penser à de l'antiferromagnétisme... Après qu'elle ait ignoré l'homme, et qu'elle l'ait insulté, il l'imita, se moquant, qui n'eut effet que de l'énerver en plus. Son sourire narquois n'était que plus présent, comme s'il se fichait de tout ce qui se passait ici. Cela avait l'air de beaucoup l'amuser, au fond... Contrairement à Saleisha, qui elle, ne s'amusait pas du tout. Bien sûr, l'insulter et lui jeter le contenu de son verre à la tête avait fortement détendu Saleisha... Mais ça n'avait pas suffit, puisqu'elle était toujours agacée. Alors qu'elle s'apprêtait à répliquer, elle aperçut rapidement le fêtard lui lancer son verre au visage. Elle n'eut pas le temps de s'écarter, et se retrouva alors de l'alcool collé au visage, une sensation de saleté collée à la peau... Après avoir lancé une phrase qui eut le don d'agacer Saleisha, il la transporta sur son épaule, sans qu'elle ait le temps de se débattre. Elle agita les pieds, les bras, hurlant, le tapant de toutes ses forces, mais tout ceci resta sans effet. Saleisha se croyait dans un pays comme l'Albanie, l'Algérie. Ou pire, l'Arabie Saoudite. Ces pays où les femmes ne pouvaient rien faire devaient être un enfer. Elle ne pouvait pas voir où il se dirigeait, ce qui rendait le trajet insupportable, aussi court pouvait il être. Finalement, elle put voir qu'ils étaient sortis. L'autre imbécile écrasait des apocynacées sur son passage, ces fleurs si jolies. On ne pouvait certainement pas les trouver en Azerbaïdjan... Elle comprit qu'il la dirigeait vers la piscine, et tenta d'hurler de plus belle. Si jamais il osait la lancer dans la piscine, ce serait la guerre, et pire qu'en Afghanistan... Soudain, il la jeta avec lui dans la piscine, ce qui fit monter la moutarde au nez de la barbadienne. Elle sortit la tête de l'eau, puis reprit ses insultes.

"- Mais comment tu peux t'éclater à ça, t'es vraiment qu'un asticot atrophié, un gamin, mais j'hallucine, vraiment pitoyable, j'hallucine en voyant à quel point tu es rendu de l'immaturité!"

Furax, Saleisha tenta de se hisser hors de la piscine avec grand peine, pour retomber à bout de forces mollement dans l'eau, qui était plutôt bonne, il fallait se l'avouer. Folle de rage, la mine renfrognée, Saleisha se retourna vers lui, et anticipa la moindre réaction venant de l'autre, lui jetant de l'eau à la tête.

"- Toi, la ferme!"

Comme deux enfants qui s'amusaient, Saleisha et l'autre se lançaient des vagues d'eau, sans pouvoir s'arrêter, tel des poissons dans l'eau, ils pataugeaient aisément. Cependant, tel un lion en cage, Saleisha refusait de rire, ou même de sourire. En effet, pour elle, l'homme qui se présentait à elle avait beau être plutôt séduisant, car il fallait l'avouer, malgré ce physique de rêve, intérieurement, la barbadienne le voyait comme un chimpanzé imbécile. Oui, un singe qui ne cherchait qu'à embêter son entourage. Si seulement il n'avait pas décidé de chercher des poux à la jeune adolescente, peut être qu'elle aurait bien voulu être agréable et polie. Mais la biche ne comptait pas laisser l'autre s'en tirer comme ça... Elle tenta à nouveau de sortir, à l'aide de la seule force de ses bras, elle se hissa, tel un cachalot s'échouant sur le bord du rivage... Après beaucoup de difficultés, avec l'impression d'être une baleine pataude plutôt qu'un dauphin gracieux, Saleisha parvint à sortir du bassin, sans avoir oublié débattre des pieds le plus possible pour éclabousser l'homme en face d'elle. Elle se releva, tel un phénix renaissant de ses cendres, et resta fière, défiant l'homme du regard.

"- Qu'est ce que je dois faire pour que tu me laisses tranquille, au lieu de me tourner autour tel un chacal..?"

Saleisha, droite comme un piquet devant la piscine, refusait de se faire avoir par un imbécile ainsi. Après tout, elle n'était pas Tinky-Winky, Dipsy, Lala, ou Po, et ne mangeait pas de biscuit sûrement hallucinogènes, tous droit sortis d'un sac à dos, ou qu'elle avait chipé quelque part, à l'aide d'une carte. Non, elle n'était pas une niaise qui faisait des câlins à tout le monde, qui aimait tout le monde, et qui mangeait des produits hallucinogènes. Au contraire, il suffisait de trouver comment l'agacer pour qu'elle s'énerve, et se transforme en furie. Après tout, si cet homme avait voulu lui voler son verre, et la chercher, elle ne lui ferait aucune faveur. Aux premières phrases de l'opportun, elle lui fit une grimace d'agacement, puis soupira, le laissant continuer à répondre. De quel droit se permettait il de l'insupporter ainsi? Elle jeta un coup d'oeil derrière elle, où les gens dansaient, et buvaient. Saleisha aurait adoré les rejoindre, mais elle ne pouvait laisser le dernier mot à ce fêtard. Oui, elle aurait le dernier mot ou mourrait. Enfin... Presque. Saleisha croisa les bras et bascula sur un pied, de manière à avoir une jambe supportant le poids de son corps. Cette position était celle où Saleisha se sentait à l'aise et en confiance, elle se sentait toujours mieux ainsi. Le temps qu'elle change de position, tout en regardant ses pieds, l'homme termina sa réponse, qui lui fit l'effet d'un éclair qui la transperçait. Elle? Embrasser cet idiot? Jamais! Mais soudain, une idée malsaine germa dans sa tête... Elle redressa la tête, un sourire en coin sur les lèvres, puis vint s'asseoir au bord de la piscine. Elle n'avait pas besoin d'être debout, après tout, même assise, elle le dominait par la taille.

"- Ok. Et après, je suis tranquille pour longtemps. Ca marche."

Ce n'était certainement pas le genre de Saleisha de faire ça, mais elle ne pouvait laisser passer cette chance de l'humilier. Cet homme avait l'air d'un de ces fêtards, qui avait toutes les filles à ses pieds, juste parce qu'il avait une belle tête -et un beau corps aussi, Saleisha devait bien se l'avouer-, à qui on ne refusait rien. Mais Saleisha ne serait pas comme toutes ces pimbêches qui finissait dans le lit d'un homme qu'elles ne connaissaient que depuis dix secondes, bien au contraire. Elle l'aurait à son propre jeu. Lentement, elle se glissa dans la piscine, et s'approcha de l'homme. Elle approcha son visage du sien, fit mine d'approcher ses lèvres de celles du fêtard, puis approcha lentement une main de sa tête. Soudain, elle appuya brièvement de toutes ses forces sur le sommet de sa tête, un sourire mesquin sur le visage, et rit brièvement, fière d'elle. Non, définitivement non, personne n'aurait le dernier avec Saleisha Jones.

La petite blague de Saleisha n'avait pas l'air d'avoir plu à l'autre. Il faisait une tête de cheerleader qui était tombé de sa pyramide. Peu importe, il lui avait gaché sa fête, elle ne démordrait pas. Après tout, il était peut être persuadé d'être ce genre d'homme qui n'avait qu'a claquer des doigts pour toutes les avoir à ses pieds, mais Saleisha refusait tout ça. Si il avait voulu l'approcher, il y avait tellement d'autres moyens... Il eut l'air de s'énerver. Oh non, ça ne lui avait pas vraiment plu... Voir pas du tout. Saleisha tenta d'esquiver les objets qu'il lui lançait, poussant sur ses pieds d'un côté, puis de l'autre, comme si elle était en plein . Elle n'écouta ses insultes que d'une oreille, trop occupée à tenter d'esquiver les objets factices qu'il lui lançait, comme un . Mais il faut croire que ses insultes de volaient pas plus haut que celles de Saleisha... On se serait cru dans un stade de foot, à les voir se lancer des objets, et à crier. Il était temps de se calmer. Mais Saleisha ne s'abaisserait certainement pas à son niveau. C'en était presque de l'auto-endoctrination, elle se répétait cela encore, et encore, et toujours plus dans sa tête, comme si elle avait besoin de se le prouver, tel un joueur de rugby se donnerait du courage avant de commencer un match.. Mais tout autour d'eux, les gens s'amusaient, ignorant les deux, comme s'ils étaient en pleine partie de ping pong, qui se répondait du tac au tac, et il n'était certainement pas possible de faire comme tout le monde, lorsqu'on avait cet homme en face de soi. Suite à sa dernière question, Saleisha soupira, comme épuisée par un jour d'entrainement de . Elle fit quelques brasses sur le côté, puis revint vers lui.

"- J'ai pas de problème. Mais pourquoi tu tiens tant à avoir ce petit bisou? Ca t'apportera rien."

Saleisha et Aaron devraient certainement arrêter, on n'était pas sur un ring de boxe, ni en train de faire un tennis, à se disputer une balle. Plus de lancer de poids en vue, il s'était peut-être calmé. Ou alors il préparait sa perche, prêt à lui sauter dessus. Comment savoir ce qu'il préparait, il avait une expression semblable à celle d'un sportif aux jeux olympiques, prêt à rentrer su son trampoline pour y sauter, calme et imperturbable. Enfin, calme n'était pas le mot... Saleisha laissa trainer son regard sur des jeunes qui jouaient au volleyball, puis se recentra sur le sujet du moment. Il était peut être temps de ralentir le rythme de la dispute, et de parlementer...