Ce jour là, une fois de plus, Allan n'avait absolument rien à faire de sa journée. Que faire, un jour de vacances, à part jouer à la console? Ce matin, Allan avait dormi jusque très tard. Certainement jusqu'à la fin de la matinée, voire jusqu'au début de l'après-midi. Depuis la découverte de la mort de Brittany, Allan s'était retrouvé pris entre deux feux. Son ancienne petite amie, Brittany, qui reparaissait exactement au moment où il embrassait l'une de ses amies. Enfin embrassait Il n'y avait pas que ça. Non, définitivement non, ce n'était pas qu'un simple baiser. Mais Brittany qui réapparaissait, que ce soit morte ou vivante, sonnait comme un avertissement. Attention Allan, je suis toujours là, cachée quelque part, semblait dire le corps sans vie de Brittany. C'était comme si, même morte, Brittany continuait à le surveiller, à guetter le moindre de ses faits et gestes. Au fond, Brittany ne mourrait sûrement jamais. Allan, tout en pensant éternellement à cela, tuait chaque zombie qui apparaissait sur l'écran de la télé, comme s'il tentait d'exterminer Brittany. Un compteur affichait le nombre de zombies qu'il lui restait à tuer avant de terminer le niveau. Le compter aurait très bien pu être un compteur de joie, ou alors de bonheur qui aurait pu dégringoler. Vingt. Treize. Huit. Cinq, quatre, trois, deux, un. Et voilà le dernier zombie. Plus de bonheur en vue. Soudain, Allan crut voir la démarche du zombie pour se transformer en une démarche féminine, une silhouette élancée. De longs cheveux blonds. Non, ce n'était pas possible. Le jeune homme ferma les yeux du plus fort qu'il le pouvait, et secoua la tête, comme pour chasser ces pensées de sa tête. Non, Brittany était morte maintenant. Son règne était terminé, elle n'était plus. Allan rouvrit les yeux, pour voi le zombie un peu trop près de lui. Un mètre, et c'en était fini de lui. Et voilà, il avait perdu. Le futur étudiant lança violemment la manette de jeux dans ses vêtements, énervé d'avoir perdu à cause de ses pensées envers Brittany. Le fil qui retenait la manette se décrocha et continua sa course dans un tas de vêtements. Il devait sortir, prendre l'air, une fois de plus. Allan Millers, ce jeune homme qui aimait être populaire ne pouvait passer son été enfermer dans sa chambre. Mais il ne voulait voir personne. Que pouvait il faire, quand il ne voyait personne à qui parler? Personne ne pourrait comprendre ce qu'il se passait dans sa tête, d'autant plus qu'il ne comprenait pas lui-même. Après tout, il n'était pas un personnage de dessin animé, qui avait ses phrases fétiches, qu'il n'avait qu'à prononcer pour aller bien. Non, à Middle Fawkes, Allan ne chantait pas en riant, en cdemandant à son meilleur ami qui était un sac à dos de lui donner la carte, en demandant à un téléspectateur de répéter après lui sac à dos. Mais malgré tout, Allan voulut essayer. Il se rappela tout d'abord la célèbre formule de Mary Poppins, puis celle du Roi Lion. Et d'autres encore. Comme un imbécile, allongé par terre, dans sa chambre, il les répéta les unes après les autres.

"- Supercalifragilisticexpialidoucious, Hakuna mata, Abracadaba, Eh, Tu m'as pourri mon groove!"

Allan fit un sourire narquois. Les derniers mots se destinaient à la télé, ui l'avait interpellé, pour savoir s'il voulait jouer à une autre partie. Quelle blague! Depuis le Spring Break, Allan avait commencé à parler tout seul. Quelques phrases, très peu, mais cela lui arrivait. Pour réfléchir à certaines choses, tout haut. Soudain, il se redressa, comme piqué par une guêpe. Oui, il allait sortir. Il attrapa un gros survêtement ample, un débardeur qui trainait, roulé en boule dans son armoire, enifla le tout, attrapa son ipod, puis sortit, sans prendre la peine d'emporter téléphone ou quoi que ce soit. Il n'était pas lavé, pas coiffé, pas rasé, mais peu importe. Sans pouvoir s'en emêcher, Allan eut le réflexe de se regarder dans un miroir. Il restait séduisant. Devant la porte, il attrapa sa paire de baskets préférées, puis sans pévenir personne, ouvrit la porte et commença à courir. Il démarra son ipod, un morceau rythmé se mit en route, et le voilà, les deux écouteurs enfoncés dans les oreilles, le son à fond, qui mettait un pied devant l'autre, un rythme soutenu. Le bitume chauffé par le soleil lui réchauffait la plante des pieds, bien que ses chaussures faisaient barrière, la chaleur pouvait se faire sentir. Au bout d'Hepburn Sreet, Allan tourna en direction du Storm lake. Il courirait dans les bois, où il ne pourrait croiser que peu de gens. Les personnes âgées se baladant par là, les intellos qui voulaient lire tranquillement. Il ne croiserait sûrement pas Hell, ou Jules, ou quelqu'un de son cercle. Ses pas frappant le sol au rythme de sa musique, il laissa ses pensées s'évader vers ce qui n'avait pas d'importance. Les prochaines soirées à venir, auxquelles il ne se rendrait sûrement pas. Une chose était sûre, il n'irait pas à celle de Sebastian Lewis. Cela ne le tentait pas vraiment. Jusqu'à ce qu'il arrive dans les bois, Allan réussit à s'empêcher de penser à Brittany, Evana.Toutes ces filles qui faisaient partie de sa vie, vives ou non. La playlist "Running" venait de se terminer, quand Allan arriva à l'orée des bois. Il la relança rapidement, puis continua, laissant ses pieds le guider, il se retrouva non loin de la clairière, et cru apercevoir Elena. Elena Narrow était une amie de Brittany et sa bande. Il se souvint avec un sourire mesquin ce qu'il s'était passé entre eux. Lors d'une soirée, les deux amis avaient beaucoup bu. Beaucoup? Trop. En se réveillant, Elena ne se souvenait pas de ce qui s'était passé. Allan y avait vu là une occasion incroyable de semer le doute dans sa tête, et de pouvoir la mettre un jour dans son lit. D'autant plus que lui se souvenait parfaitement de ce qui s'était passé. Ils n'étaient pas allés plus loin que des baisers, mais il affirmait qu'il ne se souvenait de rien lui non plus. Elena était très jolie, avait un corps plein de charme, il regrettait de n'avoir pu en profiter pour le moment. Mais cela viendrait. Allan décrocha ses écouteurs et les rangea rapidement dans sa poche, puis accéléra le rythme en direction de son amie.

"- Elena! Salut, comment ça va?"