Je haïssais la routine. Et pourtant, cette petite pute était en train de s'installer dans ma vie. Je m'étais battu contre elle mais elle se frottait dorénavant les mains, se rendant compte que j'avais abandonné. Levé, travail, couché. Et cela chaque jour, entrecoupé d'une dizaine de pause cigarette, les seuls moments que j'appréciais vraiment. Au lycée j'arrivais à m'éclater et à faire de ma vie une aventure imprévisible, et complètement dingue. Mais j'avais changé, mes amis aussi, ainsi que ma vie. Le moteur de cette fougue incontrôlable avait été Bee. Depuis qu'elle était partie, Mon regard était passé de pétillant à larmoyant, et mon quotidien de haut en couleur à monotone et grisâtre.

Je soupirai longuement alors que j'avais soudainement envie de me tirer une balle dans le crâne, ou de tout simplement éclater en sanglots. Je ravalai mes larmes et me sentis pathétique, ce qui ajouta un peu de noirceur à mon humeur déjà bien assez sombre. J'essuyai mes mains humides de sueur dû à une anxiété soudaine sur mon costume de serveur. Je pris une longue, très longue inspiration et relevai fièrement la tête. Je balayai du regard la salle de restaurant. Je ne pouvais plus la voir, j'y passais trop de temps. Ce travail était assez contraignant, j'aimais pouvoir faire ce qui me passait par la tête et devoir sourire sans cesse à des personnes que je ne connaissais pas ou très peu, et que je détestais la plupart du temps, me filait la gerbe. Malgré cela, le salaire qu'on me versait au début du mois me permettait de vivre, puisque j'avais refusé l'aide financière, ou quoi que ce soit d'autre d'ailleurs, de mes parents. J'attrapai un bloc note et un stylo que je fourrai dans ma poche, en même temps que mes mains.

C'est d'une démarche nonchalante que je m'approchai d'une table occupé par une jeune fille. Je n'avais même pas regardé son visage, mais je l'avais compris en découvrant de quelle manière elle était habillée. Le jean à la mode, le sac à main tendance et les dernière chaussures de chez Je ne sais pas qui. Pour je ne sais quelle raison, cela m'exaspéra. De la jalousie peut-être ? Non pas que j'aurais aimé avoir ces vêtements, simplement qu'elle était surement au lycée, cet endroit qui renfermait tant de souvenirs ... Bref, je me plantai devant elle, fixant toujours ses chaussures d'une manière vraiment impoli. Les secondes s'écoulèrent et, sans daigner lever la tête je déclarai ;

« T'attends quoi ? Si t'es venue juste pour qu'on voit ta gueule, tu peux repartir. Commande, merde ! »

Alors que je me contenais depuis le début de la journée, je venais de craquer. Littéralement. Je me rendis compte seulement après de la violence de mes propos. Mais, borné, je sortis mon stylo et mon calepin et fit mine d'attendre en tapant du pied.

Le client est roi. Ouais, ouais, ou pas...

Il ne restait plus que quelques minutes avant la sonnerie. Le compte à rebours avait été déclenché dès la début du cours mais Mack devenait très impatiente vers la fin. Plus que quelques secondes, allez, allez ! Grouille toi maudite horloge ! 10-9-8...Mack n'en pouvait plus d'attendre ! Jordan et elle devait se rejoindre au Tommy's café. Qu'est ce qu'elle était impatiente de le voir...En ce moment, à cause de son putain de pasteur de père, ils devaient se voir en cachette des adultes. 4-3-2-1-0 ! Mack qui avait déjà rangé toutes ses affaires depuis bien longtemps déjà, s'empressa de quitter la salle de classe sous l'oeil étonné de ses camarades. Elle ne voulait perdre aucune minutes de son précieux temps mais elle devait impérativement parfaire son look avant de voir son chéri ! Elle passa donc dans les toilettes des filles. Elle était une grande habituée de cet endroit, elle n'y allait non pas pour des envies pressantes, mais toujours pour vérifier sa coiffure ou encore se remaquiller. Elle se devait d'être superbe en tout moment ! C'est donc comme tous les jours qu'elle se posta devant le grand miroir couverts d'éclaboussures d'eau. D'un geste dégoûté, elle s'empara de la serviette de bain la plus proche avant d'essuyer la glace en prêtant bien attention à ne toucher en aucune façon le meuble. Satisfaite de la propreté du miroir, elle s'observa longuement, notant chaque petits détails qui n'allaient pas, bien qu'ils ne soient pas très nombreux...Après mûre réflexion, elle décida de repasser un trait noir sur ses grands yeux bleus et de rajouter un peu de rouge sur ses lèvres. Elle se coiffa rapidement et sortit des toilettes. Malgré ses talons aiguilles quelques peu encombrants, elle courut jusqu'au lieu de rendez-vous. Une fois arrivée sur place, elle reprit son souffle, replaça correctement son jean Dior et lissa d'un coup de main habile son T-shirt au décolleté plongeant. Elle entra dans le restaurant d'une démarche gracieuse, et s'assit à l'une des tables libres. Elle sortit de son sac Gucci son portable dernier cri et se mit à dialoguer par texto avec ses amies. Ne voyant pas le temps passer, elle n'aperçut pas un jeune serveur s'avancer vers elle. « T'attends quoi ? Si t'es venue juste pour qu'on voit ta gueule, tu peux repartir. Commande, merde ! »Il ne la regardait même pas en plus ! Il fixait avec attention ses talons hauts ! Mack leva les yeux vers lui, et rangea son téléphone dans sa poche. Elle le reconnut alors : c'était Shayan Defonteino...Elle ne le connaissait pas personnellement, elle savait juste qu'il était autrefois l'ami de sa soeur Britanny...Mais la première impression qu'elle avait maintenant de lui n'était pas la meilleure ! De un, tu me regardes quand tu m'parles ! De deux, ce que j'attend, ça te regarde pas ! De trois, je commande quand je veux, et si je le veux ! Et de 4, j'te jure que je rend un service à ce resto' en laissant les gens regarder ma gueule ! Ils doivent être bien contents ! Elle n'était pas une frimeuse, loin de là, mais elle répliquait juste à ce garçon qui n'était pas très bien luné aujourd'hui ! Non mais, elle n'allait tout de même pas se laisser marcher sur les pieds ! Son téléphone vibra alors, c'était Jordan : Désolé mon coeur, j'peux pas venir ! Je t'expliquerai après. Rhoo, fit intérieurement la jeune fille. Mais, bien décidée à emmerder le serveur jusqu'au bout, elle décida de rester ici. Et elle ne se grouillerait pas, ça c'était certains ! Elle se dit alors qu'elle allait passer une commande très compliquée Puisque tu veux absolument que je commande, j'vais pas faire ma difficile. Alors...Je voudrai...Un diabolo menthe ! Avec du citron, et 4 glaçons, pas un de plus pas un de moins ! Et sans menthe surtout ! Voilà ! Et que ça saute ! J'ai pas tout mon temps.. Elle rigolait intérieurement, elle avait hâte de savoir ce que Shayan allait lui répondre...Si il donne cette commande au barman, il va l'envoyer balader !

Mes yeux refusaient d'affronter ceux de la jeune fille toujours assise devant moi. Ses chaussures semblaient être devenues une oeuvre d'art puisque je ne faisais que les fixer. Je considérais que parler à une personne en la regardant dans les yeux signifiait qu'un certain respect s'était installé entre les deux individus en question. En l'occurrence, pour un raison idiote et plus très claire, j'avais décidé de mépriser cette pouffiasse. Je vous assure que je n'étais pas un jeune homme méchant. Mais j'étais à bout, vraiment. Mon esprit semblait pousser un cri de détresse, ainsi que mon corps, que je sentais extrêmement fatigué. J'avais été, quelques minutes plus tôt, au bord des larmes. Et cela ne m'arrivait jamais alors que j'étais encore au lycée. La faiblesse que je ressentais souvent était pour moi un sentiment nouveau. Et je le détestais, je n'avais qu'une envie ; qu'il se barre et me rende ma dignité.

Mais avant cela, je devais me calmer, impérativement. Ce n'était pas en faisant fuir les clients que mes problèmes allaient s'arranger. Cela n'aurait fait que les rendre plus pénibles encore. Les mots de l'adolescente me surprirent par leur audace. Ils me firent relever la tête. C'est alors que je croisai les yeux bleus d'une magnifique jeune fille aux cheveux roux flamboyants. Elle était d'une incroyable beauté, et malgré ma mauvaise foi évidente du moment, je ne pouvais pas le nier. Mais ce ne fut pas sa beauté qui me frappa en premier. Non, ce fut son visage, fin et doux. Il me semblait étrangement familier. Je fronçai les sourcils en la dévisageant alors qu'elle devait me prendre pour un fou. C'est à ce moment là que l'évidence se fraya un chemin jusqu'à mon cerveau. C'était chez Bee que j'avais croisé cette jeune fille, j'en étais maintenant certain. Je cherchai, mais ne parvins pas à retrouver son prénom.

« C'est toi la soeur de Bee ... Ton visage, il me disait quelque chose. »

Les propos qu'elle avait tenu quelques secondes seulement auparavant me revinrent en mémoire. Je m'assis sur la chaise de l'autre côté de la table, juste en face d'elle. Le fait que je comprenne qu'elle était la soeur de Bee m'avait troublé, mais pas assez pour oublier de remettre les idées en place à cette petite peste. Je me penchai vers la jolie rousse afin que personne d'autre qu'elle ne puisse entendre ce que je m'apprêtais à lui dire.

« Ecoute moi bien. Y a-t-il écrit bouffon sur mon front ? Tu te crois maligne, tu joues à la grande avec tes talons trois fois trop grands que tu as dû emprunter aux putes de Middle' ? »

Mes paroles étaient crues, et dures. Certains auraient été choqués que je déballe cela devant une adolescente. Mais son petit air supérieur avait eu le don de m'exaspérer. Et j'avais quelque peu perdu le contrôle de mes nerfs. Je pris un air menaçant alors que je détestais mon accent français que j'avais maintenant réussi à distinguer, et qui, je trouvais, rendait mon discours ridicule. Ce n'était qu'un petit accent de rien du tout, mais je trouvais qu'il se marriait vraiment mal avec l'anglais.

« Ce genre d'attitude de pourrie gâtée, ça ne marche pas avec moi. Tu sais où te peux te la foutre, ta boisson. Et bien sûr, n'oublie pas les glaçons. »

Je me redressai jusqu'à ce que mon dos entre en contact avec le dossier du siège. Je croisai les bras et plongeai mon regard dans le siens, lui faisant comprendre de façon muette que je n'avais pas l'intention de bouger. Si quelqu'un devait quitter le Tommy's, c'était elle.

désolé pour le retard, j'espère que ça te plait ♥.

Shayan se décida enfin à la regarder et d'arrêter de fixer ses nouvelles chaussures. Ouf ! Ça commençait sérieusement à la saouler ! Mais sa réaction eût le don de surprendre la jolie rousse, il l'observer attentivement et fronçait les sourcils ! Qu'est ce qu'il se passait dans sa petite tête de mule ? Mack profita de l'occasion pour le regarder lui ! Après tout, elle ne le connaissait pas personnellement ! Il avait les cheveux châtains courts, un visage de rebelle, et des bras et des jambes musclées. Malgré son T-shirt, Mackenzie se doutait bien que son torse ressemblait à des plaquettes de chocolat ! Il était beau garçon, c'est le moins qu'on puisse dire ! Mais, elle dût s'arrêter à la contemplation du jeune serveur qui lui demanda :« C'est toi la soeur de Bee ... Ton visage, il me disait quelque chose. »Mack détourna son regard du sien, elle détestait qu'on le lui rappelle...Bee n'était qu'une peste ignoble qui la faisait passer pour une fille adoptée pour que personne ne sache qu'elles avaient le même sang. C'était vraiment pitoyable ! Quelle gamine...Et puis, ce qu'elle ne disait pas aux autres, c'est que, loin des regards, elle se comportait en grande soeur avec Mackenzie et sa présence ne l'insupportait pas ! Sa disparition a beaucoup affecté Mack...Après tout, sans ses amies, Britanny n'était pas si méchante...! Elle se rappela alors de Shayan, elle l'avait aperçut une fois à l'une des fêtes improvisées de Bee ! C'était un peu avant sa disparition...

Before Bee's disappearance

La soeur de Mack, Britanny, avait encore une fois invité tous ses petits amis, ou plutôt toutous, comme aimait les appeler la jeune fille pour une petite 'party' qui avait lieu dans la somptueuse maison des Forbes ! Bien entendu, Mackenzie n'y était pas conviée, quelle question ! Pourquoi Bee aurait-elle invité sa soeur ?! Elle n'était pas digne d'être présente voyons ! Elle allait donc, comme d'habitude, se réfugier dans sa chambre, un paquet de mouchoir à la main car elle savait pertinemment qu'elle allait pleurer de tristesse devant un film à l'eau de rose, se lamentant sur son sort et sur sa vie de minable qu'elle menait ! Ce jour là, tous les amis de sa soeur étaient réunis dans sa chambre de princesse pourrie gâtée ! Ils discutaient de toute et de rien, se moquant des personnes qui n'étaient pas présentes et se racontant tous les nouveaux ragots...Elle remarqua alors qu'un garçon était au milieu de toutes ses suivantes. Mais, alors qu'elle l'observait, intriguée, la reine de l'université s'aperçut de sa présence : Oh ! Mais qui voilà ! Retourne d'ou tu viens Mackenzie, on ne veut pas de toi ici ! Allez dégage pétasse ! Mack' s'était alors abritée sous la couette de son lit et avait pleuré toutes les larmes de son corps...Elle avait tout juste eut le temps d'entendre des rires provenant de la chambre de sa chère soeur...Cette soirée lui avait brisé le coeur...

Back to reality

Cet incident l'avait tellement traumatisé qu'elle refusait d'y repenser...Elle répondit donc à Shayan : Euh, oui c'est bien moi ! Mais, je n'ai aucun souvenir de toi moi...Désolée ! Le jeune homme avait cependant repris ses pensées et répondit à la petite pic de Mack' : « Ecoute moi bien. Y a-t-il écrit bouffon sur mon front ? Tu te crois maligne, tu joues à la grande avec tes talons trois fois trop grands que tu as dû emprunter aux putes de Middle' ? »Ce genre d'attitude de pourrie gâtée, ça ne marche pas avec moi. Tu sais où te peux te la foutre, ta boisson. Et bien sûr, n'oublie pas les glaçons. » Calme ta joie là ! Tu me parles pas sur ce ton ! Et, comme tu dis, ces talons que j'ai emprunté aux 'putes' de Middle Fawkes, je les ai volé à ta mère ! Ce qu'elle venait de dire était vraiment méchant, et elle n'en était pas très fière, mais quand on la cherchait on la trouvait ! Bien entendu, ce n'était pas du tout vrai, elle avait craqué sur ces chaussures au magasin Dior, le seul de ce trou perdu !Mais, ne voulant pas s'attirer les foudres de Shayan, elle ajouta : Bon, je suis désolée de ce que je viens de dire ok ? Je le regrette...Et j'aimerai bien une bouteille de tequila s'il te plaît...On pourrait boire un petit quelque chose ensemble non..? Enfin, si tu veux bien sûr ! Dit-elle avec un sourire. Elle n'aimait pas avoir de nouveaux ennemis, et puis, Shayan n'avait pas l'air méchant, loin de là ! Ils pourraient peut être devenir amis...Qui sait ?

La jolie jeune fille prétendit ne pas me reconnaître. Il me semblait pourtant l'avoir croisée à plusieurs reprises, notamment durant l'une des soirées de Bee, mais aussi lors d'une cérémonie en mémoire de mon amie. Peut-être qu'elle ne m'avait simplement par remarqué, c'était toujours possible après tout. Même si ce n'était pas rare qu'on ne voit que moi au milieu d'une foule à cause de mes tatouages pas tellement discrets, et de ma gueule de rebelle. Pourtant, quelque chose dans ses yeux me forçait à croire qu'elle mentait. Sa façon de me regarder, sûrement. Pourquoi mentait-elle ? Peut-être n'était-ce qu'une impression, mais j'en doutais fortement.

Ce dont j'étais sûr, c'était que cette fille dont je ne connaissais toujours pas le prénom, ne manquait pas d'air, et de courage. Je fus surpris par sa réplique sanglante. Elle ne se rendait surement pas compte de l'impact que pouvaient avoir ses paroles tout de même dures et méchantes. J'avais dix-huit ans, j'étais assez musclé et un coup de poing était vite parti. De plus, j'étais quelqu'un d'impulsif, et de très agressif. Elle ne savait vraiment pas à qui elle avait à faire. Ce n'était pas le fait qu'elle s'attaque à ma mère qui avait le don de m'exaspérer. Non, je me fichais complètement de ma génitrice. C'était le ton qu'elle avait employé qui me dérangeait. Comprenez que se faire traiter comme une merde n'était pas forcément la chose la plus agréable. Je me levai de ma chaise et laissai glisser mon regard le long de son corps, la contemplant d'un regard dédaigneux, comme si elle me dégoûtait. Si je n'avais rien à lui répondre, je souhaitais qu'elle aussi se sente humiliée. Elle méritait bien cela. J'allais m'éloigner sans m'occuper de son cas et en prenant sur moi pour ne pas la frapper en plein visage lorsque le son de sa voix me fit m'arrêter net.

« Bon, je suis désolée de ce que je viens de dire ok ? Je le regrette... Et j'aimerai bien une bouteille de tequila s'il te plaît ... On pourrait boire un petit quelque chose ensemble non ... ? Enfin, si tu veux bien sûr ! »

Lentement, très lentement je me retournai et restai planté devant elle, la fixant d'un regard froid, afin de lui faire comprendre que nous n'étions pas chez les Bisounours. Elle n'avait pas le droit de m'insulter comme elle l'avait fait puis de tout effacer en quelques paroles sages. Je me mis à espérer qu'elle avait bien compris le message, et m'éloignai les mains dans les poches.

Je revins cinq bonnes minutes plus tard. Il ne fallait pas plus de trente secondes pour préparer une tequila convenable. De un, il avait fallu que je me calme. Cette petite pouffiasse avait mal choisi son moment pour m'énerver, sachant que les temps étaient rudes pour moi ces temps-ci. Et de deux, il fallait bien que la fasse chier moi aussi. Je posai brutalement le verre devant la jolie rousse et m'assis en face d'elle. Je me mis à la détailler, cherchant sur son visage un trait ressemblant à celui de sa soeur. Je crus reconnaître une lueur dans ses yeux, qui me rappelait celle qu'arborait Bee dans toutes les circonstances. D'une voix étonnamment calme par rapport à mon humeur bien sombre, je dis ;

« Tu as hérité du sens de la répartie de ta soeur. »

C'était la vérité. Bee n'était pas le genre de fille à se laisser marcher sur les pieds, bien au contraire. Elle savait être ferme lorsque cela semblait indispensable. La jeune fille se trouvant devant moi n'avait pas l'air mal dans ce genre là non plus. Je me grattai la tête alors que je me mis à dire, sans même réfléchir aux mots que j'employais, et sans même me rendre compte de ce que je racontais à cette jeune fille qui n'étais pour moi qu'une inconnue ;

« Les gens ne doivent pas cesser de te parler de Bee. Comme moi, quoi. Mais tu représentes en quelque sorte notre seul moyen de lui parler à nouveau. Ca doit te paraître absurde. »

J'avais baissé les yeux et m'étais perdu dans la contemplation de la table. C'était comme si mon esprit divaguait parmi mes souvenirs. Je revis son visage, souriant et angélique. Le son cristallin de son rire. Ses boucles que j'aimais toucher ou humer. Les derniers mots que je lui avais dit, ceux qu'elle m'avait murmuré à l'oreille, la dernière fois que je l'avais prise dans mes bras. Lorsque je revins à la réalité, dans la salle de restaurant du Tommy's diner, je surpris une larme en train de me chatouiller la joue, comme si elle s'amusait à me narguer. Je l'écrasai en vitesse et enfouis ma tête entre mes mains, soudain rattrapé par la honte. Chialer devant une inconnue ... Chialer tout court, d'ailleurs ! Je déconnais, vraiment. Je me raclai la gorge et relevai la tête, toujours honteux.

« Je suis vraiment nul, je suis désolé. Je ... Enfin, je suis con, pardon. »

Je flanchai sur le dernier mot et sentis une nouvelle vague de tristesse me submerger. Je tentai de changer vite de sujet sans grand succès, aucun son ne sortit de ma bouche. Je me surprenais de jour en jour. Quelques minutes seulement auparavant, j'avais une folle envie de frapper cette jeune fille. Et je me sentais dorénavant tellement triste ... Je me faisais flipper, c'était dans ces moments là que je me rendais compte à quel point j'allais mal. Mes yeux se posèrent de nouveau sur les chaussures de la rouquine et sur un coup de tête, je dis ;

« Et au fait, ce n'était que de la provoc', à propos de tes chaussures. Je ne les trouve pas si vulgaires. »

Shayan semblait vraiment très contrarié par les propos cinglants de Mack. Plus en colère que triste apparemment ! Il faut dire qu'elle n'avait pas été très gentille et délicate...Mais, il l'avait quand même bien cherché ! Qui sait qui avait commencé par l'insulter et la comparer aux 'putes' de Middle Fawkes ?! Lui, et rien que lui ! Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même...Le jeune serveur s'éloigna d'elle, on aurait dit qu'il se retenait de la claquer contre un mur et de la défoncer ! Tant mieux pour elle, la jeune fille n'ayant que 15 ans n'aurait pas pu se défendre ! Surtout contre un gros costaud comme lui ! Profitant de son absence pour se refaire une beauté, la jolie rousse sortit de son sac à main Gucci un petit miroir de poche et vérifia que son maquillage ne s'était pas estompé, elle replaça à l'occasion une mèche rebelle derrière son oreille, et satisfaite de son apparence, referma le miroir d'un mouvement sec de la main. Croyant qu'il lui faisait la gueule et qu'il n'allait jamais revenir, elle s'apprêtait à quitter les lieux, elle se leva de sa chaise, prit son sac avec elle et sa veste de sa main libre. Mais, elle aperçut Shayan se dirigeant vers sa table, portant une bouteille de tequila, ainsi qu'un petit verre sur un plateau. Un sourire apparût sur son visage d'ange, elle se rassit donc avec grâce, attendant que le serveur lui donne sa boisson. Mais, au lieu de la lui déposer et de repartir en cuisine, il s'assit à la place libre d'en face, et observa longuement Mackenzie. Elle le regarda, un air perplexe se dessinant sur sa douce frimousse et lui demanda : « Euh..Tu veux ma photo ? » Mais le jeune homme était bien trop concentré pour l'écouter, elle essaya donc d'agiter sa main devant ses yeux, mais rien n'y fait ! Soudain, il sortit de son espèce de transe pour lui lancer : « Tu as hérité du sens de la répartie de ta soeur. » Elle s'attendait à tout, sauf à ça ! Elle croyait qu'il allait la traiter de tous les noms, la frapper en pleine face, mais rien de tout cela..Il paraissait étrangement calme...Mack répliqua, un petit peu agacée d'être tout le temps comparée à sa soeur : « Merci ! Enfin, si c'est un compliment...» Elle en avait marre depuis le temps...C'était comme si elle n'était pas assez bien pour être considérée comme un être à part entière ! En fait, Mack n'était rien d'autre que 'la soeur de Bee...' la soeur de Miss parfaite ! La soeur de la reine du lycée...Et ça, elle ne le supportait plus ! 'Plus', oui vous avez bien compris, parce qu'avant, elle s'effaçait devant sa soeur Britanny...Elle était en quelque sorte, 'soumise' à elle ! Bee pouvait lui faire tout ce qu'elle voulait, et elle ne s'en privait pas ! Elle n'était pas assez gentille pour cela...Bee prenait même un malin plaisir à la torturer et la rabaisser ! Mais, il ne faut pas croire tout ce que l'on entend, parce que Bee se comportait comme une vraie grande soeur lorsqu'elle était loin de ses nombreux amis...« Les gens ne doivent pas cesser de te parler de Bee. Comme moi, quoi. Mais tu représentes en quelque sorte notre seul moyen de lui parler à nouveau. Ca doit te paraître absurde. » Mack soupira, oui ça lui paraissait absurde ! Bee n'était pas Mack et Mack n'était pas Bee ! Un point c'est tout ! Elle ne voyait pas du tout pourquoi les gens voulaient toujours prouver leur fidélité à la grande reine des abeilles...Elle leur faisait subir un tel enfer que cela lui paraissait super bizarre qu'ils l'adulent toujours et encore...! Mais bon, Shayan devait être un de ses amis proches, il ne doit pas connaître sa mauvaise partie...Et ne voulant pas le choquer ou encore le frustrer, elle lui répondit : « Oui c'est vrai, mais ne t'inquiète pas ! C'est normal après tout...Bien que je ne vois pas trop pourquoi je représente un lien avec Bee pour vous...Après tout, je n'étais pas la plus proche d'elle...Loin de là même...» Shayan semblait vraiment très ému ! Mack ne voyait vraiment pas pourquoi les gens attachaient autant d'importance à Bee, mais bon, elle le comprenait...Il avait perdu un être cher, tout comme Mack ! Elle avait tout de même perdu sa soeur ! C'était un gros choc pour elle...Elle aperçut une larme coulant sur la joue de Shayan, mais il s'empressa de l'écraser de sa main. « Je suis vraiment nul, je suis désolé. Je ... Enfin, je suis con, pardon. » La jolie rousse fut vraiment émue par le jeune homme, elle se surprit à pleurer, elle répliqua d'une voix qui tremblait à cause de l'émotion : « C'est c'est pas grave, t'inquiète pas...» Mack sécha de sa manche ses pleurs et le serveur se reconcentra sur ses chaussures neuves, et ajouta : « Et au fait, ce n'était que de la provoc', à propos de tes chaussures. Je ne les trouve pas si vulgaires. » Mack émit un petit rire ou se mêlait les larmes et le rire. C'était un mélange assez bizarre pour tout vous dire ! « C'est oublié...Et heureusement parce que, ça voudrait dire que tu n'as aucun goûts ! »

J'avais à présent réussi à contrôler mes larmes et les émotions soudaines qui m'avaient assaillies. Alors que j'avais surpris la jolie rousse succomber elle aussi à la tristesse, je la soupçonnais de se mentir à elle-même lorsque qu'elle me disait qu'elle n'était absolument pas la personne la plus proche de Bee. C'était impossible, pourquoi se mettait-elle alors à pleurer lorsque je perdais le contrôle, et me laissais bercer par mes souvenirs ? J'avais comme l'impression que Bee ne m'avait pas tout dit à propos de sa famille et plus précisément de sa petite soeur. Malgré mes doutes, je décidai de ne pas relancer la conversation, de peur de flancher à nouveau. Je devais laisser le temps à la plaie béante sur mon coeur de se refermer. Et le fait que je rencontre la soeur de mon amie n'avait fait que rendre la douleur plus insupportable encore.

Malgré ce que je ressentais, et malgré la noirceur de mes pensées, je ne dis rien. Je baissai les yeux, attendant que mes larmes se décident à me laisser en paix. Pour quelques minutes, du moins. Car je savais qu'à la fin de mon service, lorsque j'allais me trouver seul dans le bus, les larmes sournoises et avides de tristesse au fond de moi ne se feraient pas prier pour venir à nouveau me torturer. Je secouai la tête nerveusement, ne préférant pas penser tout de suite à ce qui m'attendait. Non, je me concentrai sur la jeune fille, et posai mon regard dérangeant sur elle, passant une main tremblante sur mon tatouage sur ma nuque.

J'esquissai un sourire un peu forcé après la réplique de la jolie rousse à propos de ses chaussures. Comment pouvais-je rire après ce que mon esprit venait de me faire subir ? Un an auparavant, le Shouss que j'avais été aurait rit de bon coeur, et aurait répondu de façon tout aussi drôle. Sauf que je n'étais plus celui-là. Il m'arrivait de le redevenir pendant quelques heures, souvent en compagnie de Hell, ma compagne de débauche. Elle était la seule à réussir à me faire oublier ma vie de merde le temps d'une danse endiablée. Du moins, je ne connaissais pas encore la personne capable de la même chose. La coïncidence fut troublante, je sentis mon Blackberry vibrer dans ma poche. Je le sortis donc, dévoilant à la jeune fille la coque panthère de mon portable. Un nouveau message. C'était Hell, qui, grâce à quelques mots vulgaires drôles, et infiniment gentils réussit à me redonner le sourire. Quand je vous disais que cette fille était magique. Je rangeai mon téléphone et d'un geste tout à fait naturel, je m'emparai du verre remplie de Tequila de la jolie rousse et but une longue gorgée. Je la reposai devant elle et dis ;

« Je supposes que tu es au lycée. J'y étais l'an passé moi aussi. C'est étrange, tu ne me dis absolument rien pourtant. Enfin si, il me semble t'avoir déjà croisée, mais pas au lycée. »

Ne plus parler de Bee, ne plus parler de Bee. Je jetai un regard circulaire à la pièce, vérifiant que personne ne voyait là un serveur en train de se tourner les pouces. Les clients étaient rares et un autre serveur venait de prendre son service. Il n'avait qu'à se taper tout le boulot.

« Raconte moi, qui est cette rousse aux chaussures extravagantes ? »

J'avais posé ma main sous mon menton et la regardais maintenant du coin de l'oeil, comme si elle s'apprêtait à me raconter une jolie histoire parsemée de cheval blanc, de prince en costume ridicule et de princesse avec une voix de nunuche.

« Je supposes que tu es au lycée. J'y étais l'an passé moi aussi. C'est étrange, tu ne me dis absolument rien pourtant. Enfin si, il me semble t'avoir déjà croisée, mais pas au lycée. » Tu penses, évidement qu'il ne se rappelait pas d'elle ! Lorsque Bee était sur le trône, personne ne s'intéressait à Mack...C'était seulement : la soeur de Britanny Forbes et rien d'autre ! Mais à présent que sa soeur était portée disparue, et que la jeune fille avait pris comme modèle Hell et les autres filles populaires, elle avait changé du tout au tout et avait réussi à se faire une place au sommet. Mais bien entendu, elle n'arrivera jamais à la cheville de sa soeur, c'est impensable, et ce n'est pas son but dans la vie ! Elle veut juste qu'on la considère comme un être à part entière et qu'on l'appelle par son nom, et pas par un : "Oh ! Regardez c'est la soeur de Bee ! " Curieusement, les gens la préfèrent à présent ! Comme quoi, ici, à Middle Fawkes, on aime bien les bad-girls ! Avant, Mack était une petite fille modèle, toute mignonne et gentille, qui n'ennuyait personne...Elle avait alors un grand manque de confiance en elle et s'effaçait complètement face à sa soeur...Après tout, Bee est plus jolie, plus populaire, plus...Plus tout à ce moment là ! Et ce constant rappel d'infériorité avait beaucoup de conséquences sur son présent. La jolie rousse est maintenant obsédée par son poids et ne mange presque plus...Elle veut tellement approcher le niveau de perfection de sa soeur qu'elle met ses jours en danger ! La nourriture la rebute et la dégoûte et si elle continue comme ça, elle n'arrivera plus à avaler quoi que ce soit dans quelques mois...Mais bon, elle n'était pas encore à ce stade là ! Sa silhouette était fine mais elle n'était pas maigre ! Juste mince...Elle répondit à Shayan : Oui je suis au lycée ! Je n'ai que 15 ans tu sais...Et ça ne m'étonne pas que tu ne m'ais pas remarquée...C'est dommage que tu ne sois plus là, t'aurais appris à mieux me connaître...Sous mon vrai jour je veux dire...Ah bon ? Et tu m'aurais vu ou ? Dit-elle en faisant semblant d'être intriguée. Elle se rappelait parfaitement bien là ou ils s'étaient vus mais avait choisi d'effacer ce souvenir de sa mémoire, c'était trop douloureux...Elle n'était pas encore prête ! C'était trop tôt...C'est bizarre mais Bee a comme un super-pouvoir qui oblige les gens à la regretter, à ne pas réussir à l'oublier...Bon, pour Mack, c'était tout à fait normal ! Britanny est sa soeur tout de même ! Mais pour tous ses amis, pour tous ses ennemis même ! Que se passait-il dans leurs esprits ? Il faut dire qu'elle a marqué les esprits...Le père de Mack a été tellement troublé qu'il a quitté la maison des Forbes...Il est en plein divorce avec la mère de Mackenzie...La question qui demeure sans réponses pour la jeune fille est : Pourquoi nous a-t-il quitté ?! Est ce qu'il aimait tant sa première fille qu'il en oubliait presque sa deuxième ? N'aimait-il pas assez cette dernière pour rester et la soutenir au lieu de partir comme un lâche ?! Mais, il n'y avait que lui pour lui donner une réponse plausible...En attendant de le revoir, il lui faudrait oublier tous ces soucis familiaux...Une petite larme jaillit sur le visage de Mack, mais elle ne voulait pas passer pour une pleurnicheuse, elle l'écrasa donc de sa main droite et renifla du nez, une fois calmée, elle entendit la quesiton de Shayan : « Raconte moi, qui est cette rousse aux chaussures extravagantes ? » Mack rit en tremblant, c'était un rire vrai mais ou se mêlait ses sanglots. Ben, cette rousse aux chaussures trop trop trop jolies est, comme tu le sais, la soeur de Britanny Forbes, elle s'appelle Mackenzie mais tout le monde l'appelle Mack ! Même si certaines personnes lui ont trouvé d'autres surnoms...Elle a 15 ans, et a beaucoup changé depuis la disparition de sa soeur...Elle devient petit à petit comme sa cousine Hell et d'autres personnes comme Abony l'influencent énormément...Bref, c'est une petite fêtarde ! Mais, assez parler d'elle ! Cette fille est d'un ennuis mortel ! Parlons plutôt d'un beaugoss qui s'appelle, je crois, Shayan ! Shayan Defonteino ! Tu sais, le rebelle avec pleins de tatouages ?!

« Oui je suis au lycée ! Je n'ai que 15 ans tu sais...Et ça ne m'étonne pas que tu ne m'ais pas remarquée...C'est dommage que tu ne sois plus là, t'aurais appris à mieux me connaître...Sous mon vrai jour je veux dire...Ah bon ? Et tu m'aurais vu où ? »

Après qu'elle ait prononcé cette dernière phrase, la confiance que j'avais réussi à retrouver se brisa totalement pour me laisser vulnérable, face à la soeur de celle qui me manquait tant. Je passai une main de nouveau tremblante sur ma nuque, à l'endroit où se trouvait mon tatouage. C'était le signe qui montrait que j'étais mal à l'aise. Les personnes qui me connaissaient bien, comme Hell par exemple, comprenaient tout de suite que quelque chose n'allait pas quand je me mettais à frotter nerveusement mon tatouage. J'avais espoir que la jolie rousse, ne me connaissant pas encore, ne se rende pas compte à quel point j'étais tendu. J'ordonnai d'ailleurs à mes pensées d'arrêter de l'appeler « la jolie rousse ». Même si je lui en aurais donné un peu plus, elle n'avait que quinze ans ! Je me giflai intérieurement et répondis d'une voix distraite ;

« Lors de la cérémonie en l'honneur de Bee. Tu étais au premier rang, j'en suis sûr. Mais après tout, c'est normal que tu ne m'aies pas remarqué, tous les regards étaient tournés vers ... enfin, vers elle. »

J'aurais voulu dire cela d'une traite, sans que mon regard fasse passer tant d'émotions. Mais j'en étais simplement incapable. Je me rendais maintenant compte, encore plus qu'auparavant, à quel point j'étais attaché à elle, et à quel point garder son souvenir dans mon esprit était nécessaire à ... à ma survie. Je réfléchis aux paroles de la jolie ... euuh, de la jeune fille, et me surpris à admettre qu'elle avait raison. Il n'y en avait toujours eu que pour Brittany. Tout le monde savait qu'elle avait une petite soeur. Mais combien, parmi ces gens, savaient qui elle était, ou même comment elle s'appelait ? Et même si je m'indignais de cela maintenant, j'avais fais parti de ces gens, il avait fallu me Bee disparaisse pour que je réalise que sa soeur, elle, était toujours bien là. Je me rendais compte de ce qu'elle avait sûrement enduré. J'avais une soudaine envie de juste la prendre dans mes bras. Bien sûr je me retins. J'étais censé être un gros dur. J'étais déjà allé bien trop loin en laissant aller ma peine devant elle. Il fallait que j'arrête les films à l'eau de rose où tout le monde se prenaient dans les bras, et pleuraient lorsqu'ils en ressentaient le besoin.

Afin de chasser ses pensées, je me concentrai sur les paroles de la jeune et jolie fille, en la regardant avec des yeux plus compatissants, et moins méfiants. J'en savais maintenant beaucoup plus sur elle. Elle s'appelait Mackenzie, enfin Mack. Enfin je ne savais pas comment l'appeler. Etait-ce déplacé d'utiliser son surnom, ou allait-elle me prendre pour un coincé si je l'appelais par son nom complet ? Je ne me posai pas la question plus longtemps, car un énorme sourire fendit mon visage lorsque je l'entendis mentionner Hell. Je voyais très bien la fêtarde hyperactive dévergonder la petite rousse anciennement discrète et sage. Ce fut alors mon tour de me présenter et j'eus un sourire en coin lorsqu'elle mentionna mon nom. Elle prétendait de pas me connaître mais savait pourtant que je m'appelais Shayan DeFonteino ? Il y avait quelque chose d'illogique. Elle venait de se griller toute seule. Je ne dis rien, mais n'en pensai pas moins.

« C'est ça, je m'appelle Shayan, mais appelle moi Shouss. La plupart des gens ont même oublié mon vrai prénom alors ne te gène pas ! Comme tu l'as dit, je suis un putain de beau gosse. »

Je lui fis un clin d'oeil avant de sourire, et de poursuivre.

« J'ai dix-huit ans. L'accent que tu entends quand je parle vient de Paris, je suis né là-bas mais ça fait un petit moment que je me suis installé aux Etats-Unis. Je suis un peu le rebelle du coin, celui qui ne parle plus à ses parents, qui a des tatouages un peu partout, celui que les profs n'aimaient pas à cause de sa manie à arriver en retard à l'école, ou qui a des activités pas très ... légales. Mais qui, malgré ça, bosse et a un chez lui. Tu vois le genre ? »

« Lors de la cérémonie en l'honneur de Bee. Tu étais au premier rang, j'en suis sûr. Mais après tout, c'est normal que tu ne m'aies pas remarqué, tous les regards étaient tournés vers ... enfin, vers elle. » Et pourtant, qu'est ce qu'il se trompait...Mack avait observé tout le monde, les avaient tous dévisagés un lors de la cérémonie. Personne ne lui avait échappé ce jour là ! Mais, il est vrai qu'elle n'avait pas reconnu tous les habitants, ses yeux étaient embués de larmes et de surcroît, elle voyait flou à cause de cela. Vous comprendrez donc que c'est assez difficile de mettre un nom sur un visage déformé. Cette cérémonie avait semblé durer une éternité, Mack avait perçu les mouvements des autres en ralenti, comme si le temps s'était arrêté, comme si elle était enfermé dans une petite bulle, l'empêchant de bouger, de respirer, et même de penser...Un grand vide, le néant ! Voilà comment elle décrirait aujourd'hui ce moment. Une immense vague de tristesse avait submergé la ville ce jour là, tel un tsunami de malheurs. Mais, ce n'est pas tout, on pouvait percevoir dans le regard de toutes les personnes présentes une lueur d'espoir qui brillait faiblement dans les yeux de chacun. Tout le monde espérait encore que la police retrouve Britanny, qu'elle retrouve leur idole, leur modèle, leur reine ! Ou encore que le coupable se dénonce et que tout soit enfin terminé, qu'on se réveille de ce cauchemar sans fin et sans issue et que notre compagne nous dise, un sourire rassurant pendant à ses lèvres : « Ce n'était qu'un mauvais rêve mon chéri, rendors toi vite, tu dois te lever tôt demain matin. » Mais voilà, pour l'instant, les inspecteurs chargés de cette affaire n'ont aucune piste, pas la peine de se voiler la face, et même si Mackenzie en est la première affligée, la probabilité que les forces de l'ordre retrouve sa soeur reste très mince et pour l'instant, les recherches ne portent pas leurs fruits. Beaucoup de personnes risquent d'être déçus, mais pire encore, si le cas n'est pas vite réglé, les habitants de Middle Fawkes vont tout doucement envisager le départ pour un autre pays de crainte que leur fils, ou bien leur fille ne se fasse enlever, ou même tuer...Mais pour le moment, les gens tenaient le coup, cela laissait un délai supplémentaire pour retrouver Bee. La manière donc Shayan avait prononcé sa phrase avait touché profondément la jolie rousse, preuve qu'il n'y avait pas que des idiots sur cette planète et qu'il y en avait au moins un qui aimait vraiment la reine du lycée, pas comme tous ces hypocrites qui n'attendent que son absence pour dévoiler leur vraie nature. « C'est vrai, j'étais au premier rang...Et oui, c'était un peu le but, que Bee soit le centre d'attention une dernière fois, c'est ce qu'elle aurait souhaité...Elle a toujours aimé être sous le feu des projecteurs, parfois même au détriment des autres...» Pour changer de sujet, Shayan lui demanda de parler un peu d'elle, ce qu'elle fit avec beaucoup de difficulté puisqu'elle ne savait plus trop qui elle était suite à la disparition de sa soeur, elle avait tellement changé depuis...Puis, Mack questionna à son tour Shayan, alias Shouss pour en savoir un peu plus à son sujet, ce qu'il fit avec plaisir : « C'est ça, je m'appelle Shayan, mais appelle moi Shouss. La plupart des gens ont même oublié mon vrai prénom alors ne te gène pas ! Comme tu l'as dit, je suis un putain de beau gosse. » Il lui adressa alors un léger clin d'oeil qui fit sourire la jeune fille, elle rit de bon coeur et il continua sa petite biographie de lui même : « J'ai dix-huit ans. L'accent que tu entends quand je parle vient de Paris, je suis né là-bas mais ça fait un petit moment que je me suis installé aux Etats-Unis. Je suis un peu le rebelle du coin, celui qui ne parle plus à ses parents, qui a des tatouages un peu partout, celui que les profs n'aimaient pas à cause de sa manie à arriver en retard à l'école, ou qui a des activités pas très ... légales. Mais qui, malgré ça, bosse et a un chez lui. Tu vois le genre ? » « C'est d'accord, Shouss c'est bien plus sympa ! Et t'inquiète pas, je vais pas me gêner ! Pour ton accent, ça s'entend pas trop trop ! Mais faut dire que je suis un peu nulle pour dénicher un quelconque accent ou particularité aux autres alors ça doit être moi ! Paris, j'y suis jamais allée ! J'aimerai tant visiter cette ville...La Tour Eiffel, le Sacré Coeur, ça doit être magnifique...D'ailleurs, ça doit être l'une des seules villes au monde que je n'ai pas vu dis donc ! C'est ballot ! Et je crois bien que je vois le genre oui ! » Ajouta-t-elle en rigolant. Elle se leva en ébouriffant les cheveux de Shouss pour blaguer en continuant : « Petit rebelle va ! » Elle se rassit doucement et versa une partie du contenu de sa bouteille de tequila dans son verre. Elle attrapa ce dernier de sa main droite et le leva en disant : « Maladie ! »

Je ne m'étais même pas rendu compte que Mackenzie et moi discutions depuis un petit bout de temps maintenant. Le temps avait passé, tandis que notre conversation avait très, très mal commencé alors que nous en étions maintenant au stade où nous faisions connaissance. Et je me rendis compte que je me sentais plutôt à l'aise, bavarder avec cette jeune fille m'apparut comme quelque chose d'agréable. Je ne réfléchissais pas à ce que je pouvais lui dire, bref, pas de prise de tête. Elle me semblait tout de même très mature, et différente des filles de son âge que je pouvais voir ricaner en buvant un jus de fruit au Tommy's après les cours. J'avais d'ailleurs totalement oublié mes fonctions de serveur. Mais le bar était plutôt vide, et les clients semblaient tous servis. Je décidai donc de ne pas me préoccuper de cela pour le moment, sachant que mon patron s'absentait toujours l'après-midi. Allez savoir ce qu'il pouvait bien faire, après tout, cela n'était mon affaire. Tant qu'il me versait mon salaire, il pouvait s'avérer être un braqueur de banque que je n'en aurais rien à branler. Après ma petite description, qui, je trouvais, était plutôt fidèle à ce que j'étais ou croyais être, j'écoutais Mack faire plusieurs remarques concernant Paris. Elle avait raison, cette ville était la plus belle que je connaisse. Je l'avais quittée à douze ans, mais les souvenirs que j'avais de l'antre de la mode restaient intactes. En l'entendant parler avec envie des monuments les plus connus de Paris, je lui lançai un regard plutôt mystérieux, me penchai vers elle comme si je souhaitais qu'elle soit la seule à entendre ce que je m'apprêtais à dire et murmurai ;

« Peut-être qu'un jour, je te kidnapperai, et je t'emmènerai voir les lumières de Paris. Qui sait ? »

Un énorme sourire fendit mon visage tandis que je me redressais. Je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'elle se lève pour m'ébouriffer les cheveux, mais cela m'arracha un rire sincère, comme j'en offrais peu. Sauf peut-être aux personnes en qui j'avais confiance, comme Hell ou encore la petite Tinsley. Je ne cherchais pas à remettre mes cheveux en place, je n'étais absolument pas le genre superficiel ne voulant pas que ses cheveux bougent d'un millimètre. Lorsqu'elle leva son verre et déclara un « Maladie » si spontané, je voulus faire de même, sauf que ... et bien, je n'avais simplement pas de verre. Je me sentis donc assez con, mais sans plus réfléchir, je haussai les épaules et déclarai d'un voix forte ;

« Maladie, ma soeur ! »

J'aimais surnommer les gens que j'appréciais « mon frère », ou « ma soeur », c'était ma façon à moi de montrer mon affection. C'est ce moment là que choisit mon patron pour débarquer. Oui oui, celui qui était censé s'absenter tous les après-midis. Je sentis quelqu'un me tapoter l'épaule derrière moi. Sans me douter de qui cela pouvait être, je tombai nez à nez avec un petit homme d'une quarantaine d'années, grassouillet, un éternel air de défi sur le visage. Je me levai d'un bond, le dépassant d'une bonne tête. Il avait beau être petit, il n'était pas moins impressionnant. C'était le genre d'homme qui forçait le respect.

« Monsieur DeFonteino buvant tranquillement le thé avec une de nos clientes ... Intéressant, très intéressant. Pouvez-vous me donner une explication qui m'empêcherait de vous foutre mon pied au cul ? »

J'avalai avec difficulté ma salive, et sentis la teinte de mon visage changer pour devenir rouge pivoine. Mon air affolé consistait en lui même une réponse. Je n'avais absolument pas d'excuses. Je savais pertinemment que mon patron n'était pas du genre à plaisanter sur ces choses là, un écart de ce genre pouvait me faire perdre mon travail dont j'avais terriblement besoin pour vivre sans l'aide financière de mes parents. Je bredouillai quelques paroles incompréhensibles. J'étais dans la merde, et cela jusqu'au cou. Je tournai la tête vers Mackenzie et la suppliai du regard de venir à mon secours. Elle représentait surement ma dernière chance.

Shouss semblait en pleine réflexion, Mack profita de ce petit moment pour réfléchir également. Penser à qui elle était, ce qu'elle devenait et ce qu'elle souhaiterait vraiment devenir. Était-ce la vie qu'elle avait tant espéré ?! Voulait-elle réellement devenir comme sa soeur ? Non, bien sûr que non, mais apparemment, c'est ce que les gens voyaient en elles en ce moment...Il fallait qu'elle s'occupe de ça d'ailleurs, qu'elle éclaircisse les choses sur ses intentions. Et puis, l'article qui est apparu dans les News Papers ne l'aidaient vraiment pas ! Pour ce qui est de l'anorexie, ils n'avaient pas vraiment tords parce que Mack avait de sérieux problèmes avec la nourriture ces temps ci, mais pour ce qui est de la voie qu'elle prenait...Bref, pas de quoi s'inquiéter pour l'instant ! Profiter de la vie, c'était sa nouvelle devise. Au revoir les problèmes, bonjour le soleil ! Le beau garçon qui était en face d'elle sortit de sa rêverie, elle aussi par la même occasion, et lui adressa un sourire mystérieux avant de s'approcher d'elle et de lui faire : « Peut-être qu'un jour, je te kidnapperai, et je t'emmènerai voir les lumières de Paris. Qui sait ? » La jolie rousse éclata de rire et répliqua tout en se rapprochant doucement de Shouss et de lui glisser à l'oreille en un souffle : « Et peut être que tu n'aurais pas besoin de me kidnapper, qui sait ? » Puis, elle se rassit sur sa chaise et lui ébouriffa les cheveux en le traitant de rebelle ce qui le fit rire. Elle était heureuse de voir qu'une ambiance chaleureuse régnait entre eux. Aucun silence gênant ne venait rompre leur conversation, c'était vraiment super agréable ! Puis, Mack' leva son verre en criant : 'Maladie !' Mais elle s'aperçut bien vite sur Shouss n'avait pas de verre, ce qui était tout de même assez embêtant pour porter un toast ! Mais, il dit quand même d'une voix forte : « Maladie, ma soeur ! » Mack sourit sincèrement et fit : « A notre nouvelle amitié, Elle marqua une courte pause qui ne dura que quelques secondes maxmimu et ajouta en un sourire ironique : ..Mon frère ! » Soudain, un monsieur assez imposant qui inspirait le respect et la crainte aux yeux de la jeune fille apparut et posa une main sur l'épaule de Shouss qui perdit son sourire presque aussitôt. Mais qui est ce ? Se dit-Mack. Un air perdu et curieux se dessina sur le doux visage de Mack' mais, l'identité du personnage se fit bientôt connaître. « Monsieur DeFonteino buvant tranquillement le thé avec une de nos clientes ... Intéressant, très intéressant. Pouvez-vous me donner une explication qui m'empêcherait de vous foutre mon pied au cul ? » C'était son patron ! SON PATRON ! Mack paniquée, était bouche-bée devant ce fait et n'osait même pas ouvrir la bouche pour émettre un quelconque son. Elle était là, telle une parfaite débile attendant de voir la suite du spectacle. Mais Shouss non plus ne savait pas quoi répliquer apparemment, il semblait totalement indécis et ne savait plus ou se mettre, il regarda alors Mack d'un air implorant, du genre : S'il te plaît, aide moi ! Bien entendu, Mack n'allait pas le laisser en plan comme ça, il risquait son job, et c'était de sa faute ! Elle inspira pour se calmer et pour ne pas bredouiller puis fit, d'un air sûre d'elle alors qu'elle ne l'était pas du tout et imitant la voix d'une adulte : Monsieur, vous devez être le patron de ce charmant jeune homme non ? Et bien, je suis désolée d'avoir dû vous l'emprunter mais je lui ai demandé de m'expliquer dans quelles conditions il travaillait, puisque c'est mon job ! Vous avez de la chance de l'avoir, car, si je ne l'avais pas interrogé, vous auriez du fermer ce bar tout poisseux ! Les rumeurs qui courent sur votre sujet ne sont pas bien flatteuses mais je vais croire votre serveur, il a l'air d'une honnête personne. D'ailleurs, nous avions fini ! Je souhaite juste lui poser encore une petite question. En privé. En vue de la réaction du patron tout gêné, le petit jeu de Mack' avait fonctionné ! Heureusement qu'il ne l'avait jamais vu, sinon, c'en était cuit ! Il n'était jamais là d'habitude lors de ses venues...

J'étais con, tellement con ... Comment avais-je pu faire une erreur aussi bête ? J'aurais du réfléchir, et me douter que m'absenter tant de temps allait m'apportait des ennuis. J'avais appris à apprécier cette jeune fille, Mackenzie, mais cette amitié naissante valait-elle que je me fasse virer ? Surement pas. Le Tommy's Diner ne serait surement rien sans le serveur dont on aime critiquer le style vestimentaire, ou les tatouages. J'avais beau me répéter ces quelques paroles, je ne voyais rien, absolument rien dans mon patron qui pouvait me faire croire que lui aussi pensait cela. Tout ce que je vis fut du négatif. J'inspirai profondément un air qui me parut soudain comme pollué par l'arrivée de celui que tous les employés redoutaient. Il nous avait déjà prouvé à quel point il pouvait se montrer sévère en nous postillonnant dessus lorsqu'un client était reparti mécontent du service. Je ne pouvais qu'appréhender la suite. Je m'apprêtais à ce que les excuses sortant de ma bouche m'écrasent par leur nombre, sauf que ...

Mackenzie Forbes était dorénavant passé du statut de petite lycéenne sympathique et mature à déesse de la Terre et de l'univers. Je dus retenir mes traits de s'étirer en un sourire. Non, je ne devais absolument pas montrer mon contentement à mon patron, il était capable de douter des salades que venait de lui raconter la rouquine. Je vis le petit homme nous regarder alternativement, puis hausser les épaules et partir aussi vite qu'il était arrivé. Je me retournai pour faire face à Mackenzie. Je laissai cette fois-ci mon sourire prendre possession de mon visage. J'étais tellement reconnaissant de ce qu'elle venait de faire ... Elle aussi avait pris un risque, mon patron aurait très bien pu la connaître assez pour savoir qu'elle n'était qu'une petite lycéenne. J'hésitai quelques secondes, et l'enlaçai brièvement, et amicalement, ce qui me gêna un peu ensuite, bien que ce geste m'avait paru si spontané sur le coup. Je relâchai doucement mon étreinte et lui offris un regard débordant de reconnaissance.

« Wow, merci Mack. Je te revaudrai ça ... »

Je ne savais pas encore de quelle manière j'allais pouvoir accomplir cela, mais nous n'étions plus quittes dorénavant. Je jetai un regard inquiet derrière moi, mais ne vis qu'un de mes collègues me faire signe de me dépêcher. Je lui fis un doigt d'honneur, ce qui signifiait que j'arrivais, en langage Shouss. Je reportai mon attention sur Mackenzie. Je fouillai dans la poche droite de mon pantalon noir de serveur et en sortis mon calepin accompagné d'un stylo. J'y notai mon numéro de téléphone. Je tendis le morceau de papier que je venais de déchirer tout en disant ;

« Il faut que j'y aille, mais garde ça précieusement, je suis sûr que tu en auras bientôt besoin. »

J'esquissai un dernier sourire en sa direction et me dirigeai vers le comptoir, un sourire triomphant sur les lèvres.

Spoiler:

Mack' était assez confiante, bizarre vu la situation ! Il faut dire qu'elle n'avait pas réellement le look d'une gamine de 15 ans, ça l'aidait dans son rôle ! Par contre, pour un inspecteur, c'était un peu raté côté vêtements ! Jean moulant & un T-shirt au décolleté plongeant, ce n'est pas vraiment ce que j'appelle des habits très sages et qui inspirent l'autorité et la rigueur...Mais, le patron de Shouss ne s'en était pas rendu compte, tant mieux pour eux ! Les talons que Shayan avait qualifié de 'talons empruntés aux putes de Middle Fawkes' leur avaient plutôt bien servis en fait ! Comme quoi, une fille apprêtée est une fille utile dans la vie de tous les jours ! Il ne faut jamais négliger son look, voilà la leçon qu'il fallait tirer de cette histoire. Après la réplique assez sèche de Mack' à l'intention du patron de son nouvel ami, ce dernier la serra dans ses bras spontanément, ce qui fit sourire la jolie rousse qui lui rendit son étreinte avec délicatesse. Il lâcha ensuite la jeune fille tout doucement, et lui adressa un regard débordant de reconnaissance. Mackenzie baissa la tête de gêne et rougit comme une petite fille à qui l'on fait des compliments. « Wow, merci Mack. Je te revaudrai ça ... » Mack' releva la tête et fixa Shouss de ses beaux yeux bleus. Elle lui fit alors en lui tenant la main : « C'est rien, t'inquiète pas ! Et tu as aucun compte à me rendre ok Shouss ?! C'est un cadeau de la maison. »Dit-elle en rigolant. « Et puis, tu le mérites Shouss, t'es vraiment quelqu'un d'exceptionnel...C'était la moindre des choses ! Et de toutes façons, c'est moi qui t'es mis dans cette merde, donc c'est à moi de t'en sortir ! » Ajouta-t-elle en esquissant un petit sourire en coin. Mack' aperçut alors un serveur, sûrement un ami de Shouss, se dit-elle. Il le pressa et lui demanda de les rejoindre. Pour toute réponse, Shouss lui adressa un doigt d'honneur. Mack éclata de rire à la vue de ce geste, vraiment, on ne lui avait pas menti sur son sujet ! Il était réellement FOU ! Mais, ça fait du bien de voir quelqu'un comme lui, quelqu'un de réel, de vrai. Qui ne se prend pas la tête pour un rien, qui vit sa vie comme il le souhaite sans se soucier du regard des autres...Le jeune homme griffonna quelque chose sur un bout de papier arraché et le tendit à Mack'. « Il faut que j'y aille, mais garde ça précieusement, je suis sûr que tu en auras bientôt besoin. » La jeune fille déplia le petit papier et y vit son numéro de téléphone. Un énorme sourire fendit son visage et elle répondit : « Tu vas bientôt regretter ton geste mon beau ! Je vais t'harceler tu vas voir ! Non mais sérieusement, faudra qu'on se voit un de ses quatres, et le plus tôt sera le mieux ! On s'appelle ! » Puis, Shouss se dirigea vers les autres serveurs et Mack lui lança : « Profite bien ! » Tout en rigolant. La jolie rousse sortit du café et recula sur le trottoir pour voir l'enseigne du bâtiment. Le Tommy's Diner. Haha, sacré Tommy's diner ! Murmura-t-elle pour elle même en souriant. Elle enfourcha alors sa moto et repartit chez elle, ce qui est sûr, c'est qu'elle n'est pas prête d'oublier cet incroyable moment, et ce taré de Shouss qu'elle venait de rencontrer !

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