Je n'avais pas réussi à dormir de toute la nuit. Lorsque je fermais les yeux, je revoyais le corps de Brittany repêché. Elle m'avait peut-être mené en bateau durant notre relation, mais moi, j'avais eu, pour la première fois, de forts sentiments envers elle. Aujourd'hui encore, je ne sais pas si de son côté, elle était sincère ou si je n'étais qu'un parmi tant d'autres. Et c'est sans doute mieux que je ne le sache pas. La découverte de son corps dans le lac m'avait vraiment bouleversé et cet événement avait encore des conséquences des mois après. A cet insomnie était ajouté l'anxiété quant à mon premier et tout nouvel emploi qui allait commencer le lendemain. J'allais arriver devant le gérant muni de valises, de cernes et surement d'un teint blafard. Mon Dieu, j'aurai dû prendre des somnifères. On n'allait surement pas m'accepter au travail de cette manière. Alors, depuis quatre heure du matin j'essayais des tonnes d'astuces que je trouvais sur internet pour réveiller ma peau, masquer les cernes et dissiper les signes de fatigue de mes yeux. Avec cette allure, je n'allais pas vendre grand chose au magasin déjà qu'il n'y allait pas avoir beaucoup monde à cause de la rentrée du travail. A l'instar de mon visage, les vêtements que j'avais choisi étaient parfaits, c'est que j'avais eu le temps de les repasser au moins deux fois cette nuit-là. Je savais pertinemment qu'on allait me donner au minimum un haut du magasin pour ne pas faire de publicité à d'autres et en même temps afin de montrer un modèle à disposition dans les rayons pour hommes au cas où les clients ne regarderaient pas partout, mais j'allais quand même porter un de leurs t-shirts que j'avais acheté sur internet bien que cela ne fasse un peu trop désespérer du genre « aimez-moi aimez-moi, j'ai une face horrible mais je vous en supplie donnez-moi une autre chance demain ». En espérant que cette technique fonctionne, sinon je n'aurai qu'à retourner au Brésil et vivre la vie que mes parents avaient rêvé pour moi, celle que j'avais refusé en allant habiter chez Brittany, la disparue et retrouvée dans un lac. Et voilà que son visage me revenait en tête. Tout ramenait mon esprit à cette fille, alors qu'elle m'avait bien fait comprendre lorsque nous avions rompu qu'elle exigeait que j'oublie notre relation, chose impossible pour ma part car j'avais l'habitude de m'attacher un peu trop aux personnes à qui je tenais. Sur cette pensée, je regardai l'heure. Il était temps de s'habiller et sortir. Alors que je faisais ces mouvements, je sentais le sommeil peser sur mes yeux. Une claque sur la joue gauche, une claque sur la joue droite et un petit pincement sur le bras droit. Il fallait y aller et avec le sourire. J'ouvris la porte de mon appartement, montrant déjà toutes mes belles dents et je descendis les escaliers rapidement pour ne pas encore somnoler. Mon portable vibra. Tout en sortant de l'immeuble, je lus le message que je venais de recevoir. J'avançai lentement. Un cri me fit redresser la tête. J'étais nez-à-nez avec une affiche de Brittany collée sur un poteau, que j'avais bien failli me prendre en pleine poire. Je reculai. Je restai un moment sans bouger un cil puis je regardai tout autour de moi. Brittany. Brittany. Brittany. Elle était partout. Elle était sur la route, elle était sur les murs. Un autre cri se fit entendre dans la rue. Il était plus grave. Il traduisait de l'agacement, de la colère, de la rage. C'était le miens.