Une journée comme les autres pour Arthur. Costume et cravate de mise, jour de repos ou non. Une vieille habitude, dont il ne pouvait plus se défaire, même ici. Il avait bien choisi le lieu dans lequel il irait repêcher de nouveaux talents. Une activité qui pourraît sembler fade de l'extérieur, mais qui l'excitait au plus haut point. Le patron du bar l'avait autorisé à les faire passer ici, voyant que, visiblement, un type pareil ne serait sans doute pas capable de grosses bêtises. - Du moins, ce n'était qu'une impression, mais ça, c'est une autre histoire. - Ses doigts pianotaient déjà sur le comptoir, ne pouvant atteindre une minute de plus. Il réajusta sa cravate une dernière fois, la déserrant un peu, et entrouvrant légèrement sa chemise, devant son verre de whisky qui, depuis le temps, avait laissé fondre ses glaçons.

Beaucoup des gens eurent la chance de passer ce soir-là. Des hommes, des femmes, vieux et jeunes, passionnés comme superficiels, et tous aussi motivés, chacun ayant son projet secret, devenir riche - devenir célèbre - payer ses factures - s'amuser, chacun voulant y trouver son compte, pour un petit nombre d'amoureux de l'Art...

Il avait retenu quelques noms sortant du lot, une certaine Liberty et un Blaze. En voilà deux qui ne perdaient pas leur temps. Liberty avait du doigté, la basse semblait être née pour elle. Blaze avait ce charisme qu'il leur fallait, et l'entrain pour motiver tout le monde. Mais comment survivre sans un ou une solliste ? Il but la dernière gorgée d'une traite, se traitant de tous les noms d'oiseaux dans sa tête pour ne pas y avoir pensé plus tôt. Un solliste. Une solliste. La colle glue de tous les groupes.

Une petite voix fluette le sortit de ses pensées, et fut accompagné par une petite tape faiblarde sur son épaule. Il se tourna, manquant de renverser son verre à présent vide sur l'inconnue, un peu surpris. Sous sa capuche pâle, se cachait une frêle adolescente au sourire enfantin.

- Je suis venue pour les auditions.

Arthur craqua ses doigts, un sourcil arqué en l'air, et posa sa main contre l'épaule d'Ella, en croisant les doigts pour l'entendre dire...

- Je chante.

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Journée pas tout à fait comme les autres pour moi aujoud'hui. J'ai décidé de casser la routine, de faire quelque chose qui sorte un peu de l'ordinaire. Après la journée normale de cours je rentre chez moi et répète ma chanson comme tous les soirs depuis une semaine. Je suis une bosseuse et je veux y arriver, y'a que comme ça qu'on y arrive dans la vie et croyez moi, je l'ai déjà expérimenté. L'heure de l'audition approche, et ce soir je ne serai pas Ella Barton mais Charlee Beatle, inconnue au bataillon, qui n'a que sa voix pour se défendre. Marre des traitements de faveurs grâce à mon nom, de ces hypocrites qui vous lèchent les pompes pour avoir votre numéro. J'enfile un short en jean, très court, ainsi qu'un débardeur noir et des rangers au pied de la même couleur. Mon sac sur l'épaule, je me trouve plutôt bien pour l'occasion, mais rapidement je me rends compte que mon visage va vite être repéré. Dans mon armoire je trouve une veste à capuche blanche que je revêts par dessus le reste, capuche relevée sur mon front. Là, je suis fin prête. Entre ma capuche, le rideau de cheveux qui me tombent près du visage et mon look atypique, je ne serai pas reconnue.

J'arrive au lieu-dit et cherche dans la salle celui qui peut bien avoir organisé les castings. Je trouve quelqu'un, au loin, qui a l'air au moins aussi perdu que moi. Je me dirige vers lui, persuadée que c'est lui et lui tapote de l'indexe sur l'épaule : Je suis venue pour les auditions. puis trouve utile de préciser, au cas ou : Je chante. Il me fait signe d'un geste de prendre place sur scène. La musique est coupée, je mets ma bande instrumentale et m'installe au micro.



Je suis d'accord que cette chanson est un pari risqué, mais je l'aime énormément et elle met en valeur ma voix. Et ma parole, qui ne tente rien n'a rien, au fond. Après avoir chanté les dernières notes, je rouvre les yeux, salue, et m'éclipse vers l'homme au costard. Je demande, peu sure de moi : Alors, vous avez trouvé ça comment?