* Emily x 8ton x Romeo ♥ & "Friday night" ;

Romeo & Emily & Eighton

« On ne connaît personne sinon par l’amitié. »

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La sonnerie venait de retentir. Elle mettait un terme à cette journée épuisante et surtout, à cette heure de littérature qui était passée au ralenti. Vendredi. Cette semaine n'avait duré qu'une seconde. Ou presque. Brittany Forbes était morte. La police se taisait. On ne savait pas. Qui avait osé ? Quand ? Pourquoi ? Ces questions étaient mystères et sans réponse. Certains pleureraient ce départ pendant toute une vie, mais déjà, on voyait fleurir sur les visages des sourires. Soulagés. Bee n'avait pas été amour. Pas avec tout le monde. Et si Romeo s'inquiétait des circonstances, d'autres ne voyaient en cet acte cruel qu'une vengeance méritée.
Enfin, l'air de l'extérieur. C'était le week-end. Un bonheur indescriptible s'empara de Romeo. Il pensa un instant qu'enfin, il pouvait respirer. A plein poumons. Dès ce soir, il pourrait oublier. Sortir, boire, danser. Draguer. Se sentir beau. Sensations qui lui plaisaient plus que nécessaire. Vivre. Et pour commencer, Romeo avait prévu de voir Eyghton. Ils n'avaient pas décidé d'un programme précis. Juste se voir un peu, parler de tout et de rien. Peut-être poursuivre au Red Light, pour tenter les demoiselles. Pour s'abreuver en quête d'extase. Et oublier. Être libre un temps soit peu des évènements macabres. Profiter d'être encore là.
Romeo se posa contre un des arbres qui avait été planté là, en cherchant du regard Eyghton, mais en vain. Ils s'étaient donnés rendez-vous devant le lycée, et en aucun cas, Romeo n'avait l'intention de lui poser un lapin. Il attendrait que son camarade arrive. Après tout, maintenant qu'Eyghton travaillait, il avait maintes excuses de se faire désirer un peu plus. Romeo dégaina son téléphone portable et envoya un message à l'intéressé. « Te presse pas, je t'attends mec. » Le regard fuyant, le narcissique balança la tête à droite et à gauche. Voyant Shayan s'enfuir du lycée, Romeo eut un sourire. Quel salaud, qu'il disparaisse. Idée noire qui venait de lui traverser l'esprit, comme si souvent maintenant. Les amies de Bee rassemblées autour d'un noyau vide, Romeo se sentit peiné. Comment vivre en perdant du jour au lendemain tous ses repères ? Il n'imaginait pas sa vie ainsi. Il se souhaitait le meilleur du monde jusqu'à ce que la vieillesse l'emporte. Il croisa du regard Saleisha, qui lui offrit un sourire. Elle lui mima un texto et disparut au coin de la rue. Bientôt, il sentit dans sa poche son iphone vibrer. Il découvrit sans surprise un petit coeur suivi d'un clin d'oeil. Comme une jeune fille amoureuse, il sourit à son téléphone. Il l'aimait, c'était sans dire. Il lui aurait offert son coeur sur un plateau s'il ne s'inquiétait pas pour l'avenir dudit plateau. Il entendit son nom hélé par une voix féminine. Leslie s'approcha de lui et lui balança une pichenette sur le front. La brunette prit un air vexé.

-Tu as l'intention de partir sans moi, aujourd'hui ?

Romeo grommela. Il imaginait bien une tâche rouge entre ses deux yeux, et devina que ce n'était pas spécialement esthétique. Mais après tout, il l'avait bien cherché. Leslie et lui étaient voisins, et ce n'était pas un secret qu'ils rentrent ensemble après les cours. Ils discutaient de leur vie sans complexe. C'était une amitié irréprochable et agréable à entretenir. Romeo prit son sourire de dragueur et chercha à persuader la jeune fille.

-J'ai oublié de te prévenir, mais je passe la soirée avec Eighton. On essaie de se voir demain, d'accord ?

Leslie soupira. Romeo savait qu'elle ne se laissait pas amadouer par ce rictus angélique. Les mimiques ne marchaient pas avec elle. C'était un fait. Elle acquiesça et s'éloigna. Romeo regarda la silhouette de son amie jusqu'à ce qu'un sursaut le rattrape. On venait de lui taper sur l'épaule. Doucement. Plongeant par réflexe son portable dans sa poche, Romeo se tourna lentement vers l'expéditeur de ce geste. Expéditrice, exactement. Emily. En voyant son amie, Romeo ne put retenir son sourire. Il l'appréciait vraiment. Elle était adorable. Il ne lui connaissait que des situations où elle n'avait pas su être foncièrement méchante. Elle voulait être populaire, certes, mais ça ne faisait pas d'elle une Bee. Surtout que cette dernière savait comment la briffer. Emily s'était retrouvée face à un mur. Et elle avait souffert.
Ses yeux pétillants, la brune lui offrait un sourire franc. Romeo réalisa alors qu'ils ne s'étaient pas vus depuis la découverte du corps de Brittany. Il n'avait quémandé aucune nouvelle, ne s'était pas intéressé à la réaction de la jeune fille. Alors qu'il savait qu'elle avait admiré la reine du lycée au point de se brûler les ailes. Leur relation s'était orchestrée suite à cela. Elle cherchait à être populaire mais se tuait littéralement à la tâche. Il lui offrit une branche sur laquelle se reposer. Elle était trop gentille, voulait être reconnue, et c'était son seul tort. Une amour de gosse, vraiment. Si jolie, si tendre. Et si Romeo pouvait éviter que ce monde ne la lynche, il le ferait volontiers.

-Hey, Emily. Tu m'as fait peur, ça va ?

Protéger autre chose que son amour-propre. Romeo évoluait vite. A savoir maintenant s'il évoluait bien.

Emily | Eyghton | Romeo

Everything is gonna be okay : it's gonna be a good day...

Une très longue journée de cours s'achevait et Emily ne pensait plus qu'à quitter cette maudite salle de classe. Tout lui semblait morose depuis le Spring Break et cela malgré le soutien qu'elle avait cherché auprès de sa meilleure amie Vicky mais aussi auprès de Lily. Elle se doutait bien qu'une discussion à la bibliothèque tout en se cachant de Miss Dinrot ne suffisait pas à régler tous ses soucis et, encore moins, en se faisait une nouvelle manucure mais elle faisait de son mieux pour gérer tous ses problèmes du mieux qu'elle le pouvait.
La cloche retentit enfin dans toutes les salles de classe. Pendant que tout le monde s'agitait, Emily rangeait calmement ses affaires dans son sac et sortit de la classe avec une énergie inégalable. Vous l'auriez compris, ce discours était tout à fait ironique. Elle parcourut les couloirs du lycée d'une démarche lente et elle s'aperçut que Liz et toute la bande n'était pas loin derrière elle. Cela ne lui était jamais arrivé mais elle ne voulait en aucun cas leur parler alors elle accéléra le pas et quitta enfin l'enceinte du bâtiment.
Tous se ruaient dans la rue. Certains devaient rejoindre leur voiture ou celle d'un ami qui les accompagne tandis que d'autres, comme Emily, devaient rentrer chez eux à pieds parce qu'ils avaient un grand frère insupportable qui monopoliser la voiture et, donc, même leurs parents ne pouvaient venir chercher leur enfant. Certes, ce n'étaient pas le cas de tout le monde mais Emily broyait du noir dans son coin, inquiète pour l'avenir surtout dans l'affaire Justin qu'elle préférerait oublier car perdue d'avance.
Soudain, une voix familière la salua et elle reconnut Vicky. Cette dernière avait toujours son entrain habituel et agitait sa main chaleureusement en direction d'Emily tout en lui souhaitant de passer une bonne soirée. Emily répondit d'un bref geste de la main et d'un sourire en s'écriant « A demain ! ». Puis, elle reprit son chemin jusqu'à ce qu'elle aperçoive une silhouette qu'elle connaissait que trop et s'arrêta de nouveau.
Après un certain temps de réflexion, c'est-à-dire environ trente secondes, elle réalisa qu'il s'agissait de son ami Romeo qu'elle avait rencontré grâce à son détestable frère qui s'était battu contre un ami à Romeo justement. Elle avait dû s'excuser pour lui d'ailleurs ce jour-là. Les choses en entraînant une autre, ils devinrent amis et se donnaient fréquemment de leurs nouvelles. Sauf que, depuis le Spring Break et la découverte du corps de Bee, il ne s'était plus téléphoné ou quoi que ce soit. Enfin, sa journée s'illuminait. Elle était vraiment heureuse de le voir et, vu qu'il semblait attendre quelqu'un, il s'agissait du bon moment pour aller lui parler.
Elle se dirigea vers son ami, un grand sourire aux lèvres et, arrivée à son niveau, elle dût lui taper sur l'épaule car il lui tournait le dos. Elle nota un léger sursaut de son ami qui se retourna aussitôt. Il la salua et tout en précisant qu'elle lui avait fait peur, il demanda de ses nouvelles.

- Excuse-moi, je voulais pas t'effrayer mais je t'ai vu et je me suis dit que ça faisait un bail qu'on s'était pas parlé avec tous ces évènements... Sinon, écoute ça peut aller. Je vis du mieux que je peux tout ça et toi comment ça va ? Je n'ai aucune nouvelle de toi, on ne s'est même pas téléphoné récemment. Enfin, je me répète quelque peu...

Romeo commença à lui donner de ses nouvelles mais un vrombissement de moteur l'interrompit et ils se tournèrent tous les deux en direction de la route. Une voiture arrivait tout juste et son propriétaire n'était autre que Eyghton. Emily supposa de suite que c'était lui qui était attendu. Qu'est-ce qu'un homme de vingt-deux ans viendrait faire devant le lycée sinon ? Cela ne lui rendait pas vraiment heureuse. Elle ne l'appréciait pas vraiment. Certes, il lui avait rien fait mais une chose l'intriguait tout de même chez lui. Son comportement envers elle était incompréhensible : il voulait à tout prix la protéger même s'il n'était pas apprécié d'elle. Vraiment étrange.
Le dernier venu quitta son véhicule et vint vers eux, souriant...

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Roméo Eyghton and Emily

Aller Eyght, souris. La jambe plie la plus. Voilà parfait. Aller on regarde l'objectif c'est la dernière. Merde j'ai plus de pellicule, attends je reviens ne bouge pas. Voilà tout est bon, on sourit 1, 2, 3, parfait ! Elle est bonne, désolé du retard, mais maintenant tu peux t'en aller.

En acceptant ce job de mannequin, je n'aurais jamais imaginé que celui-ci me prendrait autant de temps. Certes poser pour des photographes de mode entourés de très jolies filles me plaisais, mais à cause de cela je ne pouvais pas voir mes amis autant que je l'aurais désiré. On commençait même à me parler de voyage, j'avais déjà fait l'Allemagne et l'Angleterre quand j'étais plus jeune, mais là en plus de celle-ci on me parlait de destination encore lus lointaine et exotique. Celons mon agent, on m'attendait en Australie, pays des kangourous, un continent à lui tout seul ou les plages de sables fins ce mélange au désert du Bush Australien. Ou encore l'Argentine avec la pampa et me prendre pour un gauchos, durant quelques brefs instant, en posant sur des chevaux sauvages au cœur des vastes prairies. Et pourquoi pas l'Afrique du Sud, moi qui avait toujours rêvé de visiter le cap de bonne espérance, c'était l'occasion rêvée, en plus quoi de mieux qu'une mer en furie derrière soir, pour décor sur des photos professionnelles.

La sonnerie de mon portable me tira de ma rêverie, c'était Roméo, un pote, qui m'envoyait un sms, il m'attendait à la sortie du lycée. Et merde j'avais complètement zappé, je filais au vestiaire, me rhabillais à la va vite, pris un petit sachet d'ananas à croquer style Macdonald et grignotait mon fruit exotique tout en courant vers ma voiture. Je roulais comme un dingue, sur la nationale puis à travers les rues surpeuplés de Middle Fawkes pour enfin débarquer, avec quand même 10 minutes de retard sur mon planning. Roméo m'attendait sur le bord de la route en compagnie d'une demoiselle pour le moins original. Certes son visage était charmant, mais le reste de son corps, comment dire, c'était pas terrible terrible. Je m'avançais vers eux sourire aux lèvres et dit à Roméo :

Aller en voiture, ce soir c'est la fiesta, draguer, boire, danser et pourquoi pas plus si on est bien bourrés.

Puis me penchant à son oreille pour que sa compagnie ne m'entende pas :

J'espère juste que, tu ne comptes pas emmener cette espèce d'asticot avarié avec nous à la fête. Elle pourrait effrayer toutes les belles filles environnantes.

En effet, la demoiselle était maigre, très maigre et avait un teint assez pale. Elle ressemblait par conséquent à un de ses asticots blafards qu'on croise des fois quand on lave les salades. Bien évidemment, les seuls mot sur lesquelles j'avais levé la voix étaient asticot avarié, il fallait bien que la demoiselle comprenne le message. Ce soir c'était, une soirée entre mec et pas autre chose. Puis me retournant vers Roméo lui dit :

Aller viens, on y va on est déjà en retard là.

Au fond de moi je désirais que le charmant petit cœur de mon ami, n'allait pas à nouveau craquer et qu'il allait laisser la demoiselle sur le bord de la route. Ma voiture était une Aston de luxe et seul mes invitées avaient le droit d'y pénétrer, or pour l'instant elle n'était pas invitée.

Romeo & Emily & Eighton

« On ne connaît personne sinon par l’amitié. »

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Elle était vraiment mignonne. Romeo se posa une question toute bête. Pourquoi n'avait-elle pas encore fini dans ses draps, souillée par ses baisers volupteux. Depuis quand était-il si aveugle ? Il sourit gentiment. Elle paraissait vraiment atteinte du drame dont Brittany avait été la victime. L'était toujours, d'ailleurs. Morte, elle était morte; plus raide que tous les autres. Endormie dans son cercueil, enterrée là où elle ne saurait plus blesser personne. Et pourtant, malgré le soulagement de certains, Romeo notait là que Bee avait su s'entourer d'amies compréhensive qui vivaient mal son départ précipité. Enfin, tous les gens qui regrettaient le décès de la jeune fille n'étaient pas forcément ses amis. Romeo n'était pas aveugle non plus. Les lycéens s'étaient habitués à l'organisation, à la hiérarchie. Les persécutés étaient libres à nouveau, mais ceux protégés par les ailes de cristal de Brittany voyaient le futur avec beaucoup moins de sécurité. Comme quoi, le bourreau devient parfois sauveur. Pour Romeo, Emily étaient de celles qui adoraient vraiment la reine du lycée. Qui l'adulaient pour tout le pouvoir qu'elle représentait. Pas une amie au sens propre du terme. Pas non plus une protégée -il n'y avait qu'à se remémorer toutes les crasses que la brunette avait pu subir-. Juste de la sympathie comme pour une célébrité. Quelque chose comme ça, c'était certain.
Elle précisa amicalement qu'ils ne s'étaient pas téléphonés de la semaine. Romeo accusa le coup. Cette semaine, il n'avait su où donner de la tête. Ses amies connaissaient toutes Bee, et chacune à leur manière, elles avaient eu besoin de sa présence. Il était allé récupérer Holly au plus mal la veille, avait été une oreille attentive pour Saleisha, qui jubilait de cette disparition soudaine. Il s'en voulait de n'avoir pu être là aussi pour Emily. Elle qu'il considérait comme sa protégée. Sur le coup, il avait été un peu aveugle, sourd et même muet. Combinaison max indigne d'un ami.

-Je suis désolé Emily, j'ai pas trop eu le temps. Mais si tu veux, on trouve un moment pour s'appeler dès que possible.

Le week-end qui s'annonçait allait être rudement chargé, mais Romeo ne détestait pas avoir un emploi du temps de ministre. Cela alimentait sa fierté et son narcissisme : on l'aimait, on adorait passer du temps avec lui. Bref, tout allait dans son sens. Bon, il n'avait plus qu'à espérer que son père ne vienne pas le tanner avec les devoirs qu'il avait à faire. Parce que c'était bien son genre, de le rappeler à l'ordre de temps en temps. De toute façon, c'était soit des devoirs, soit des patients. A choisir entre les cours et les appendicectomies prescrites, le suspense était à son comble. Mais là, hors de question. Pour les simples et bonnes raisons qu'il n'avait pas envie, qu'il n'avait rien compris aux cours de cette semaine. Qu'il avait eu l'impression d'avaler des mots tout droits sortis des laboratoires du docteur Jekyll. Non mais sérieusement, Romeo préférait faire l'analphabète plutôt qu'essayer de comprendre sérieusement ce qu'était l'antiferromagnétisme. Il préférait même se séparer de la vue, devenir aveugle et apprendre le braille, c'est dire à quel point cette notion lui échappait totalement. D'où on demandait aux élèves de son âge de savoir ça ? C'était une vraie torture. Et Romeo n'avait pas suffisamment la foi dans l'éducation pour s'infliger ça. Il laissait ce martyr à Apple et Leslie si l'envie les titillait.

-Perso, je suis un peu perdu. J'arrive pas à croire tout ça. J'ai un peu l'impression que c'est une mauvaise blague.

Pour relativiser, positiver même, ses propos, Romeo surenchérit avec un sourire qui se voulait rassurant. Il ne voulait pas inquiéter Emily avec ses propres soucis. Mais plus encore, il ne voulait pas qu'on pense qu'il était inquiet ou quoi que ce soit. C'était le choc, rien de plus.
Le doux ronronnement d'un moteur tira Romeo à ses préoccupations. Il tourna vivement la tête, imitant ainsi Emily, pour découvrir le bolide d'Eyghton. C'était une superbe voiture, et cela n'étonna pas du tout Romeo. Même un aveugle aurait deviné que le garçon était adepte des belles choses. Après tout, il était lui-même sacrément canon, c'était dans son aura. Une fois le véhicule arrêté, le jeune adulte en descendit. Il avait ce genre d'allure qui permettait aux filles de se retourner sur lui. Après tout, il n'était pas mannequin pour rien. D'après ce qu'Eyghton avait dit à Romeo, son nouvel emploi le comblait de nombreuses opportunités, voyages et autres. En entendant tous ces avantages, le lycéen s'était imaginé posant lui aussi pour de célèbres photographes. Mais l'heure n'était pas aux rêveries.

-Allez en voiture, ce soir c'est la fiesta, draguer, boire, danser et pourquoi pas plus si on est bien bourrés. Allez viens, on y va on est déjà en retard là.

Voilà qui était clair. Eyghton avait prévu sa fin de soirée dans les bras d'une demoiselle, c'était certain. Romeo pouffa, un rictus amusé par cette idée, et leva les yeux au ciel. Les altocumulus neigeux préparaient Romeo à passer une soirée sans la moindre goutte. C'était au moins ça de pris. L'effet chien mouillé ne ravit pas toujours les proies féminines que Romeo avait l'habitude de chasser.
Romeo faillit suivre Eyghton sans broncher, motivé par ce programme alléchant. Mais soudainement, il réagit. Emily. Se connaissaient-ils ? Rien n'était moins sur. Avant de jouer en aveugle, Romeo décida de présenter ses deux camarades. Mais avant même d'avoir le temps de s'avancer sur les identités de chacun, il fut interrompu par le grand Eyghton dans toute sa splendeur. Devant cette critique certe discrète mais totalement déplacée, Romeo ne put sur le coup que rester bouche bée. La seule expression qui lui venait à la bouche était : « What the fuck guy ? ». Asticot avarié. D'où cette insulte lui était sorti ? Qu'avait-il mangé qui lui avait retourné le cerveau ainsi ? Romeo ne comprenait pas trop, mais une chose était sure : il ne pouvait pas laisser Emily se faire ainsi traiter. C'était inconcevable. C'était dans ses valeurs et dans ses devoirs d'ami.

-Eyghton, je ne te permets pas. T'es vraiment con parfois.

Romeo ne voulait pas s'embrouiller avec son ami, mais il fallait arrêter de jouer. Surtout que la comparaison était loin d'être légitime. Emily était très bien comme ça. Elle était jolie comme un cœur. Évidemment, Romeo n'était pas aveugle, elle n'avait pas le charisme de Saleisha, ou la grâce de certaines autres cheerleaders, mais elle n'était ni anorexique ni pleine de pustules. Et puis mince, Romeo n'imaginait même pas à quoi pouvait ressembler un asticot avarié ? Romeo et Eyghton se connaissaient depuis suffisamment de temps pour s'expliquer calmement. Et il était fort possible que le plus âgé ne relève même pas l'insulte à son intention. C'était ce qu'espérait Romeo du plus profond de son être. Qu'il s'excuse sans chercher des noises et que la soirée se passe bien. Qu'il évite d'être atrabilaire et de cracher le venin que Romeo savait ô combien dangereux dans certaines situations. Mieux ne valait pas se frotter à un Eyghton vraiment furieux.
Un éclat de voix fit sursauter Romeo concentré dans sa propre conversation. L'un des joueurs de l'équipe de foot venait de crier en frappant dans son vélo. Le jeune Hawson remarqua vite qu'il n'était muni que d'un seul pneu. Il s'imagina que la seconde chambre à air, constituée de caoutchouc provenant certainement d'une apocynaece, avait été volée. C'était assez handicapant pour rentrer chez soi, Romeo en convenait. Mais il nota que si le footballer avait utilisé correctement son antivol, le problème aurait pu être évité. L'incident ne l'intéressant point, le garçon se retourna vers Eyghton et Emily. Il souhaita arranger la situation. Surtout, calmer le jeu. Il ne fallait pas s'appeler Bouddha pour comprendre que la jeune fille risquait de comprendre ce qui se tramait, de prendre la mouche à tout instant, et Eyghton de la suivre. La guerre pouvait éclater à tout moment, et si Romeo pouvait éviter cela, à tout prix. Il aurait même donné ses yeux pour ne pas voir le massacre à venir. Être aveugle peut également avoir certains avantages. Le jeune homme eut une idée. Une bonne ou une mauvaise, ça c'était une autre question. Il n'avait rien à perdre à la proposer au propriétaire de l'Austin. Il s'approcha de son oreille.

-J'te propose un truc, propose à Emily de venir avec nous et j'oublie ta connerie. Cette fille est un amour.

En faisant tant de cachotteries, Romeo espérait ne pas subir les reproches de la jeune fille. C'était en plus dans son intérêt. Elle profiterait un peu de l'alcool pour oublier ses mésaventures. Mais pour cela, il fallait que Eyghton accepte, et ça, c'était pas gagné. Jouant avec le feu, en bon aveugle même, sans savoir comment son camarade allait réagir à cette annonce, Romeo proposa officiellement à son amie de les accompagner.

-Viens avec nous, Emily. On pourra parler et boire un coup. Ca ne peut qu'être positif, de se détendre un peu !

Il fit un clin d'oeil à la jeune fille, se rendant à demi-aveugle un instant. Mais Romeo aurait préféré l'être intégralement. Histoire de ne pas voir le visage d'Eyghton. Il l'imaginait ébahi par cette initiative, rougi par la colère ou même carrément moqueur. Ce fut donc sans regarder le conducteur que Romeo invita le brunette à le suivre. Il n'attendit pas sa réaction non plus, espérant que les choses se déroulent comme dans son plan. Enfin, plan, Romeo se voulait réfléchi, mais ses actes n'étaient qu'imprévus successifs.

Emily | Eyghton | Romeo

Everything is gonna be okay : it's gonna be a good day...

Emily considérait le nouveau venu qui n'avait pas daigné faire attention à elle. Rien de plus normal, se disait-elle intérieurement. Mais ça ne l'empêchait pas, elle, de lui prêter attention. Elle ne le connaissait pas vraiment mais elle savait quand même certaines choses à propos de lui. Premièrement, elle savait qu'il s'appeler Eyghton. Un très bon début. Ensuite, elle avait cru comprendre qu'il était mannequin. Vu la bagnole avec laquelle il se baladait, elle avait sûrement bien compris. Pourtant elle y connaissait rien en voiture ! Mais la voiture de James Bond, tout le monde la connaissait même la plus ignare des personnes dans ce domaine, comme elle. Après, son physique confirmait également cette information. Elle devait l'admettre, il avait un corps qui faisait rêver toutes les filles. Il a les voyages en supplément en plus ! Bon, sur ce point, ses parents à elle étaient riches donc les voyages c'étaient pas un problème pour elle non plus. Seulement, sa famille et elle voyageaient plutôt dans le pays. Il était assez grand pour qu'on ait toujours un nouvel endroit à visiter !
L'adolescente écouta le programme qu'ils s'étaient prévus tous les deux, enfin Eyghton surtout. Trois mots étaient suffisant pour le résumer. Draguer, boire, danser. Tout à fait passionnant ! Quoique boire, même si elle en avait pas l'âge était tout à fait tentant ces temps-ci. Enfin, fallait pas rêver ! Elle allait passer la soirée chez elle à contempler ses devoirs et peut-être envoyer quelques SMS à Matthias, même si celui-ci en avait rien à foutre qu'elle était toute seule et qu'elle avait besoin de se changer les idées. Finalement, le programme d'Eyghton était beaucoup plus passionnant. Elle avait vachement envie de se lamenter sur son sort. Elle avait besoin de se remonter le moral et elle avait mal choisi son moment pour le faire en voulant parler à Romeo. Ce serait pour une prochaine fois. Elle aurait d'autres occasions de lui parler quand même.
Son attention se reporta de nouveau sur les deux garçons. Était-ce une impression ou Eyghton murmurait quelque chose à l'oreille de Romeo ? Comme si elle avait pas assez remarqué qu'elle dérangeait. Vraiment sympa n'empêche...
Soudain, son ami répondit à ses paroles à voix basse et la jeune fille sursauta. Pourquoi reprochait-il le nouveau venu d'être con parfois ? Enfin, la question était surtout : à quel sujet ? Un sujet qui ne la concernait pas ou était-elle elle-même l'intéressée ? Elle ne pouvait que les regarder, complètement intriguée et se posant des centaines de questions. La solution serait peut-être de dire au revoir et de rentrer chez elle. Non. Elle attendrait qu'ils la chassent s'il le fallait. Elle souhaitait seulement prendre tout son temps pour rentrer chez elle et ensuite broyer du noir.
Elle décida alors de se faire entendre mais Romeo reprit la parole après sa contemplation du pauvre gars avec son vélo qu'avait vu Emily du coin de l'œil, bizarrement, ça avait attiré l'attention du jeune homme. Allez savoir ce qui peut se passer dans le cerveau humain ! Enfin bref. On en avait rien à foutre de ce que Romeo regardait. Le plus important à retenir c'était qu'il venait tout juste de dire à Eyghton de l'inviter, elle, à venir avec eux et ainsi il oublierait sa connerie. Quel connerie ? Il parlait vraiment d'elle ? Ou elle était complètement à l'ouest. Elle nota quand même le compliment : elle était « un amour ». Qu'est-ce que ça faisait du bien d'entendre des mots si gentils...
La jeune fille se reprit. Elle n'avait pas le temps de jubiler sous prétexte qu'elle avait eu un compliment. La situation était critique. Elle redoutait de semer la discorde entre les deux mâles surtout s'il avait réellement parler d'elle. Elle ignorait ce qu'il avait pu dire et elle s'en fichait complètement. Tout ce qui importait était d'intervenir et de réussir à s'en aller.

- Ecoute, Romeo ça va aller. A ce que j'ai pu remarqué, depuis tout à l'heure d'ailleurs, vous aviez prévu de sortir ensemble tous les deux donc vous le faites et moi je vais rentrer chez moi comme prévu malheureusement et point final car apparemment je dérange beaucoup...

Emily foudroya Eyghton du regard. Il n'avait pas l'air très content de ce que lui avait proposé Romeo. Voilà elle avait gâché la soirée de son ami. Celui-ci était certainement pas d'accord. Pas la peine de savoir ce qu'il en pensait pour le savoir justement. Son regard en disait long. Elle se disait qu'elle avait l'art de tomber sur des gens qui ne l'appréciaient pas beaucoup qu'ils la connaissent de près ou de loin. Et elle avait la certitude qu'Eyghton allait faire parti de cette catégories des personnes qui ne l'aiment pas. On pouvait pas dire qu'elle le faisait exprès. En tous cas, elle l'avait classé dans sa liste noire. Pas question de jouer l'hypocrite devant ces gens. Elle en avait marre à la fin !
A son grand désespoir, le jeune homme insista et l'invitation fut des plus officielles. Il lui avait même fait un clin d'oeil. Sauf que le problème avec Eyghton n'était toujours pas réglée. Franchement, elle le trouvait aimable de la convier à leur soirée pour parler et boire un peu et elle avait dû mal à décliner son invite. L'idée était très alléchante. Néanmoins, elle se devait de refuser avant qu'elle provoque la furie de quelqu'un d'autre. Elle en avait ras la casserole de tout ça.

-Romeo, je suis vraiment contente que tu me le proposes et ne le prends pas mal si je refuse parce que je refuse. Ton camarade ici présent n'a vraiment l'air ravi de me voir et je ne voudrais pas polluer sa magnifique voiture de luxe mais sinon j'aurais accepté avec très grand plaisir je t'assure.

Elle ne se montrait pas très sympa et tant pis s'il le prenait mal mais elle avait décidé de ne plus se laisser faire c'est tout. A ses yeux, elle n'était qu'une gamine sûrement et elle voulait lui prouver que les gamines pouvaient mordre aussi. Puis, elle ne paraissait pas comme une gamine physiquement quand même. C'était juste son âge qui l'handicapait souvent. Et ça c'était un tout autre problème.
Une once de courage lui vint soudain et elle resta plantée là afin de voir la réaction de l'autre. Elle n'ignorait pas qu'il n'allait pas être sympa lui non plus et pourtant elle attendit. Vu tout ce qu'elle avait vécu jusqu'ici, ce n'était pas ça qui allait lui faire peur. En plus, pour la première fois depuis ces derniers jours, elle n'était pas seule dans la confrontation. Elle savait que Romeo interviendrait même s'il ne devait pas prendre le parti d'un au lieu d'autre. Il réussirait à calmer les choses peut-être. Elle avait confiance en lui, en tous cas assez pour savoir qu'il ne laisserait pas Eyghton s'en prendre à elle.
Emily sourit. Elle vit les choses tout à fait différemment tout à coup et réalisa que son frère, la personne qu'elle détestait le plus au monde, l'avait au moins rendu service une fois dans sa vie entière et c'était peut-être la dernière fois. Elle avait rencontré Romeo grâce à ses conneries. Elle porta sa concentration de nouveau sur l'instant présent...
Maintenant, il ne restait plus qu'à se régaler dans la perspective de la scène qui allait se produire sous ses yeux. Eyghton allait sûrement répondre à ses pics et surtout montrer son désaccord sans doute auprès de Romeo. Eh bien, il n'avait qu'à le faire : elle n'attendait que ça. D'ailleurs, elle fut très vite servie...

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