Respire.

Tu la sens qui coule en toi, cette adrénaline si douce. Elle échauffe ton corps entier. Tout semble plus bruyant, tout semble plus brillant, tout est plus chaud sous tes paumes. Tu souris. Respire Zéphyr, et concentres toi. Tu es lancé à plus de 200 km/h sur cette route. Une seule erreur et tu es un homme mort. Mais c’est ce qui est existant n’est-ce pas ? Ce risque, constant, de l’accident, de la blessure irrémédiable. De la mort. Sans cela tu ne serais pas là. Sans cela tu ne te lèverais pas tous les jours pour rejoindre le circuits et t’entraîner. Sans cela tu ne ferais pas tout ce sport, et ces séances d’entraînement, de coaching. S’il n’y avait pas ce risque tu ne serais pas un putain de coureur ! Déjà tu entends les acclamations de la foule, tu sens les flashs qui immortalisent ton visage, et les questions incessantes de journalistes et des fans qui veulent connaître tes premières impressions. En réalité, tu sais que cet instant est le plus fantastique dans la course. Ce moment, alors que tu es sur la dernière ligne droite, que tu as semé les autres. Cet instant quand tu sais déjà que tu vas gagner, que la ligne d’arrivée est à porter de main, mais qu’il reste encore quelques instants pour l’atteindre. Le doute t’envahi, un instant, tu te dis que peut être ils peuvent encore te voler la vedette, et tu accélère encore et encore. Le moteur vibre si fort que le son devient assourdissant. Alors le silence se fait dans ton esprit et tu peux compter les secondes. Une… deux … Trois. Le temps s’arrête. Tu lâche l’accélérateur et le véhicule continuer sur sa lancée. Il ralentit. Dehors la foule explose et ton cœur s’arrête.

Tu es un homme fou Zépyr.

Il pensait qu’il aurait enfin le droit à un moment de répit. Après les questions incessantes des journalistes, les félicitations de ses coachs, et de les remerciements à son équipe. Les hurlements de la foule et le contact avec quelque sans. Il pensait qu’il pourrait jouir d’un instant de calme et de tendresse. En plus il a vraiment l’air d’un con. Il se regarde dans le miroir à pied de l’hôtel depuis une bonne dizaine de minutes, mais il n’y à rien à faire. Dans ce costume noir il a juste l’air d’un de ses mecs qui se mouchent uniquement dans des mouchoirs en soin. Il se préférait avec ses t-shirts troués et ses baskets. Rien ne valait un jean sale sur sa peau délicate. Il essaya de descendre son pantalon sans réussir. La ceinture le maintenait bien en place sur ses hanches. Il descendit sa chemise, et roula les épaules pour tâcher de se mettre à l’aise. Sans y parvenir. C’est le rire de sa sœur qui finit de le mettre à terre. « Arrête de rire espèce de traître ! Je continue de penser qu’on devrait ne pas y aller et rentrer à la maison. » Il devinait sa demi-sœur en train de lever les yeux au ciel avant de le rejoindre et de lui mettre une cravate noire absolument ridicule. « Voilà. Maintenant tu es parfaitement ridicule. » Il la foudroya du regard. C’était amical, il adorait sa sœur. Elle le comprenait, il la comprenait, ils s’adoraient et ils se supportaient dans les épreuves de la vie. Mais cette fois sa sœur avait pris la décision de le remettre sur le droit chemin plutôt que d’accepter son caprice. « Merci… Vraiment ! » Répondit-il, sarcastique. Elle lui prit la main et dans sa magnifique robe rouge, s’envola vers le restaurant de l’hôtel où les attendaient l’équipe qui prenait en charge le jeune homme. De même que sa sœur, sa meilleure amie Hazel l’attendait à l’entrée du restaurant. Son regard était moqueur mais très vite elle perdit l’envie de faire la moindre remarque au jeune homme, se contentant d’un rire discret. Elles savaient combien il détestait cela. Surtout alors que la fatigue et le stresse le rendaient grognon. Ils s’élancèrent vers la table où les professionnels les attendaient. Le coach de Zéphyr posa un regard dubitatif sur les deux jeunes femmes qui l’accompagnaient. Il ne les aimait pas. Il était très possessif en ce qui concernait Zéphyr et il n’aimait pas le voir entouraient d’autres jolies femmes et damoiselles. Enfoiré.
Arrivant à la table où se trouvait son coach et quelques sponsors, et journalistes, il se prépara psychologiquement à subir une soirée affreuse. Il devra les écouter parler de fric, de fric, et de fric encore, d’image de marque, de publicité, ou il-ne-savait-quoi. De ce fait, grognon, il se contenta pendant toute une partie du repas de regarder son assiette et de manger de temps en temps, une cuillère sans grand enthousiasme. Putain j’m’ennuie ! Il croisa le regard d’Hazel à côté de lui qui semblait simplement vouloir lui envoyer sa purée sur la figure. Il aurait bien voulu, mais son humeur morosse lui donnait plutôt envie de se lever, de faire sa diva et de partir en courant avec les deux femmes de sa vie. « Tu peux le dire si on t’ennuie Zéphyr ! » Le jeune homme tourna le regard vers son coach. Il se rendit compte alors que tout le monde à la table le regardait. On devait lui avoir posé une question, un truc du genre, et il restait absolument imperturbable. « Vous m’ennuyez. Mais c’est pas nouveau. » Un blanc, le silence, puis des sortes de chuchotements indignés. Zéphyr leva les yeux au ciel. Pourtant cette bande d’abrutis savaient parfaitement qu’il n’aimait pas cela. Qu’il ne supportait pas ces diners mondains à la con. Ca lui rappelait combien il pouvait être ennuyant d’être une célébrité. « En attendant la Diva, c’est moi qui paye ton chèque à la fin du mois. Alors tu fais un effort, et tu participer joyeusement. On est pas là pour supporter des humeurs. » Son coach le fixait d’un regard sévère, presque paternel. Sauf qu’il n’était pas son père. Le père de Zéphyr était mort il y a une dizaine d’année. Et cet enfoiré ne prendrait jamais sa place. Zéphyr était habitué à changer de coach souvent. Personne ne remplacera jamais le coach qui l’avait pris sous son aile à New-York, quand il avait commencé. A présent il tombait surtout sur des têtes de cons. « Et tu crois que j’ai besoin de tes chèques à la fin du mois Bobby ? Rien à foutre. Je fais ca pour l’adrénaline de la course, je suis pas une catin qui vous permet de vous faire du fric sur son dos. » Il s’était levé, et regarder son coach de toute sa hauteur, penchée vers lui. Il parlait un peu plus fort, trop fort, et le restaurant était silencieux autour de lui. La sœur de Zéphyr se leva à son tour, et caressa l’épaule de son frère, comme pour le calmer. Elle était amusée la fourbe ! « Il n’a pas tord, vous savez. Sans lui vous ne pourriez pas porter ce costume Armani. Et sans vous … je crois qu’on s’en sortira quand même. » Bien envoyé Sista !. Il souriait à présent, vainqueur. Hazel se leva à son tour, et entoura sa hanche d’un bras, un heure taquin sur le visage. « Sur ce messieur, je pense que nous avons mieux à faire ailleurs. »  

Zéphyr regarda les deux femmes sublimes qui l’entouraient. Il n’était plus énervé, simplement amusé. Alors il se redressa, remit ses vêtements en place et sourit aux sponsors et à son coach. « Messieurs, ce magret de Canard fut tout à fait infect, et votre présence d’un ennui mortel. Faites donc le buz pour les journalistes. Et vous direz également que Zéphyr Dashkov cherche un nouveau coach…. Encore. Sur ce, bonne soirée. » Il fit une référence, se tourna et proposa son bras aux deux femmes qui l’entouraient. Ils partirent. Ensemble. Toujours ensemble.