Dernier carton, je ne sais pas si je suis sensée rire ou pleurer. C'est ici, à Middle Fawkes, que j'ai passé une partie des plus belles années de ma vie, et voilà que j'étais contrainte de quitter cette ville, celle qui m'avait vu devenir qui je suis, qui m'avait tant appris. Je ne suis pas du genre à verser une larme à la moindre contrariété, mais il faut bien avouer que je suis sur le point de craquer. Je fourre les dernières affaires qui traînent ici ou là dans le carton. Par exemple une photo sur laquelle je trinque avec toutes mes meilleures amies, ou alors le bracelet que mon ex m'avait offert pour mon anniversaire. Des objets qui peuvent paraître si futiles mais qui en vérité ont une identité, une signification qui diffère selon la personne qui les regarde. Je ne pus retenir une larme qui coula sur ma joue. D'accord la France est un pays génial et de plus, mon pays natal, mais c'est ici que j'ai mes souvenirs les plus merveilleux, ceux qui resteront ancrés dans mon esprit à jamais. Ne dit-on pas que l'année de nos 16 ans est la plus belle de toutes? Je veux bien le croire désormais. Car celle de mes 17 ans promettait d'être bien moins joyeuse..

Allez Zoe, on attend plus que toi là!

Bien que mes parents fassent des efforts pour rendre ce déménagement bien moins pénible pour mon frère, ma soeur et moi, rien que de les entendre parler m'irritait. Je leur sers pour seule réponse un grognement et finis de scotcher ce carton. Puis je descendsrejoindre mes parents, mes 2 frères et ma soeur (et oui, l'équilibre parfait), donne mes affaires à mon père qui n'a qu'à se débrouiller pour tout rentrer dans le coffre et je m'installe sur la banquette arrière. Swan, mon grand frère qui reste au pays vu qu'il est majeur ouvre la portière que je viens de claquer et me prends dans ses bras, sans un mot. C'est ce que j'aime chez lui, il a toujours sus se taire au moment où il fallait. Léandre, mon autre frère, me fais son petit regard compatissant et je tente de lui sourire. C'est un échec. Ma soeur elle, s'est déjà endormie. Mais comment fait-elle bon sang? Je met mes écouteurs dans les oreilles et je m'adosse contre la fenêtre. Une première musique passe. Elle me rappelle mes amies. Leur dire au revoir était l'une des choses les plus pénible que j'avais dus faire. Moi qui déteste montrer mes émotions, j'ai eu un mal fou à rester de marbre tant les souvenirs qui défilaient dans ma tête étaient nombreux. J'avais passé la soirée de la veille avec elles, afin d'éviter leur présence au moment de mon départ. Je ne voulais pas que la dernière image qu'elle garde de moi soit celle d'une Zoe les cheveux en batailles, le nez rouge et les yeux gonflés.
Ma mère s'installe au volant, tout en chantonnant et mon père ne tarde pas à nous rejoindre en s'exclamant:

Et c'est parti! la France, nous voilà!

Plus insupportable tu meurs. Je lève les yeux au ciel et me replonge dans ma contemplation du quartier. Ma mère démarre et nous quittons notre rue, celle où nous avions vécu pendant 8 longues années. Swan m'envoie un baiser et je ne peux retenir un sourire. Lui aussi allait terriblement me manquer. Nous longeons le terrain de basket dans lequel je passais tous mes après-midi étant petite, avec les garçons du quartier, puis nous passons à côté du bar où j'avais bu pour la première fois. Sans oublier les nombreuses maisons qui se trouvent sur le chemin, comme celle où j'avais vomi pour la première fois à cause de l'alcool, ou celle où je passais presque tout mon temps avec mes amies. Oui, Middle Fawkes va me manquer. Cette ville n'a rien d'extraordinaire en effet, ni le glamour de New-York, ni le soleil de Los Angeles, mais au moins, je m'y sens à ma place. Après tout, ce n'est pas ça un foyer? Un endroit où l'on se sent bien?