J'ai toujours voulu une poupée vivante
pour jouer avec

J’ai toujours pensé que la journée appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il est tout juste sept heures et demie, je suis déjà douchée et je suis en train de m’habiller. Je suppose donc qu’aujourd’hui sera une bonne journée pour moi. En toute honnêteté, mon homme s’était levé de bonne heure aujourd’hui et je l’avais suivi sous la douche tout simplement parce qu’on se refuse pas les petits plaisirs de la vie. Pour ma part, je ne me les étais jamais refusés. Heath est parti il y a déjà quelques minutes avec presque rien dans le ventre mais il mangera sûrement quelque chose sur la route. Personnellement pour ma part, comme je n’ai pas grand-chose à faire de ma journée, j’ai décidé d’aller faire un tour en ville. Boire un café, tourner dans les magasins, interroger les vendeurs entre deux essayages sur la disparition de Brittany – parce que sans la connaître, je pense pouvoir affirmer que cette fille devait être accro au shopping – puis retourner boire un café parce que je suis accro à la caféine même si je suis incapable de faire un café convenable. J’enfile mon deuxième bas avant de passer une robe légère en satin qui me tombe à la perfection. Je souris à mon reflet dans le miroir, ravie de voir que les rumeurs sur la trentaine sont vraies : c’est la fleur de l’âge pour les femmes, l’épanouissement, je réalise avec plaisir que j’aime la vie que j’ai. Après un rapide détour par la case maquillage et coiffure, j’enfile une paire de talons, mon imper beige, vérifie mon reflet une dernière fois et sors de chez moi.

Le premier café de la journée est béni à mes yeux. Je me dirige vers un petit café et leur demande un latté au caramel. Mon préféré. Il n’est pas des meilleurs – à Washington, leurs cafés sont extra au Starbuck – mais face à celui que je fais je m’en contenterais. Tout en buvant mon café, je me promène dans les rues de Middle Fawkes. Les magasins ne sont pas encore ouverts alors je prends mon temps pour flâner, repère deux trois lieux, notant des questions que je pourrais poser aux employés des boutiques que je compte écumer. Je suis journaliste de métier et n’est théoriquement aucun droit sur l’enquête sur la disparition de la jeune Brittany Forbes mais le mystère m’intrigue. Et je ne suis pas du genre à rester sagement assise. Après tout mon fiancé – Heath – est là pour trouver ce qui s’est passé, je peux bien lui donner un coup de main et fouiner de mon côté. J’ai l’idée – que certains trouveront ambitieuses mais je pense qu’une des qualités principales chez un journaliste est l’ambition – de mettre à jour de ce mystère et d’en récolter les lauriers. C’est toujours comme cela que je fonctionne. Je n’étais pas la reine des abeilles au lycée quand j’étais jeune pour rien. C’est sans doute pour cela que cette enquête me plait autant. Parce qu’elle me rappelle un passé que j’adorais.

Les heures passes et je me retrouve à essayer des dizaines de vêtements avant de faire chauffer ma carte de crédit avant de poser des questions avec un adorable sourire. Le fait que j’achète dans leur magasin et mon sourire que je sais rassurant et charmeur incitent les vendeurs et vendeuses à me dire tout ce dont ils se rappellent. C’est ce que je déplore chez les forces de l’ordre, leur incapacité à faire parler de simples vendeurs alors qu’avec un peu de politesse, on arrive à tout. Un sourire satisfait se dessine sur mes lèvres alors que je m’installe à une table du Tommy’s bar. Je me passe de commentaire sur la décoration rétro qui peut en transporter certains mais qui laisse une froide indifférence ou un certain mépris pour celui qui a pensé que cela pouvait être tendance. Finalement, je commande un autre latté, je suis accro à ses choses et je m’assois dans un coin reculé en attendant que ma boisson arrive. Je pose précautionneusement mes achats contre le mur à ma droite et sors de mon sac un bloc note pour marquer tout ce qu’on m’a dit ce matin. Je lève tout juste la tête pour remercier le serveur quand mon café arrive et fais comme si je n’avais pas entendu la porte s’ouvrir quand une personne rentre. Peu importe qui sait, ça ne m’intéresse pas, je préfère siroter la boisson tant qu’elle est encore chaude et continuer à noter ce dont je me souviens.

Middle Fawkes, aujourd'hui, n'est plus réputée pour sa forêt aux couleurs chatoyantes, ou encore à ses calmes lacs qui bordent la ville, ou même à ses soirées à n'en plus finir. Non, aujourd'hui, Middle Fawkes est connue grâce, ou plutôt à cause, de la disparition d'une superbe jeune fille s'appelant Britanny Forbes. Il était une fois une belle blonde aux allures de mannequins qui régnait d'une main de fer sur le lycée de sa ville. C'était la reine de son lycée. Tout le monde l'adulait, l'adorait, l'idolait jusqu'à n'en plus finir ! Tout le monde ? Non non non non non, je rectifie : tout le monde prétendait être de son côté, mais à part quelques fidèles suivantes et une poignée de gars raides dingues d'elle, beaucoup se cachait sous un masque qu'ils n'osaient enlever de peur de ruiner leur vie. En bref, beaucoup de personnes la détestait, ou l'envier, ce qui était normal vue sa vie de petite princesse chouchoutée et gâtée. On ne peut s'empêcher d'être jaloux face à un tel niveau de perfection. Car en effet, mis à part son caractère, Britanny a tout pour elle ! Elle est riche, belle, cool, respectée, et surtout très populaire. Son seul problème à vrai dire, c'est le fait qu'elle soit une peste, tout simplement ! Parce qu'il n'y a vraiment pas d'autre mot, Britanny est une peste, point à la ligne. Elle use de sa renommée pour détruire la vie des gens et pousse ensuite les autres à les détester, change de gars comme de chaussettes, traite ses amies comme ses toutous...Mais voyons, qui pourrait faire de mal à cette magnifique petite garce ? Et, c'est bien ça le problème ! Le nombre de suspects que l'on pourrait émettre dépasserait l'entendement et cela n'avancerait pas du tout l'affaire ! Au contraire, ça ne ferait qu'embrouiller les esprits...C'est donc pour cela qu'une masse de journalistes habitent désormais la ville de Middle Fawkes. L'une d'entre eux s'appellent Ivy, Ivy Chesterfield. Et cette dernière a choisi de s'intéresser à la soeur de la disparue pour faire avancer son enquête personnelle. Cette jeune fille est Mackenzie Forbes. Plus connue sous le nom de Mack'. Elles sont très vite devenues confidentes pour leur plus grand bonheur. Mack a enfin une conseillère qui la comprend vraiment, et Ivy la personne parfaite à interroger ! Si ce n'est pas beau ça ! Mais leur relation ne se limite pas qu'à cela, Ivy se charge aussi de ramener Mack sur le droit chemin et lui montre ce qu'est la popularité, ayant elle même été reine du lycée étant gamine. Aujourd'hui, Mack avait envie de se dégourdir un petit peu les jambes, loin des amis et tout le tralala. Tout d'abord, elle essaya de prendre son petit déjeuner, en vain. Ces derniers temps, Mack avait un sérieux problème avec la nourriture, il faudrait peut être qu'elle en parle à Ivy...Elle laissa donc en plan la nourriture et s'attaqua aux habits. Beaucoup plus attentive à ce qu'elle portait qu'auparavant, elle ne choisissait maintenant que des habits de marque. La jolie rousse choisit de revêtir un haut très décolleté ainsi qu'un jean moulant, rien de plus simple ! Elle chaussa ses talons aiguilles rouges, pour ajouter un peu de fantaisie à sa tenue, et agrémenta celle-ci de bijoux en tout genre, notamment un grand collier qui lui arrivait à hauteur de la poitrine. Une fois son look achevé, elle coiffa consciencieusement ses longs cheveux roux et les ramassa en un chignon haut. Elle s'attaqua alors au maquillage, passa un trait de rouge sur ses lèvres et un trait noir au dessus de ses yeux, sans oublier bien sûr de mettre du fond teint et tout ce qui suit. Mack sortit de la maison après avoir inspecté le moindre recoin de son corps dans le miroir, s'assurant que tout était sous contrôle. Elle fit un bref tour pour avoir une meilleure vue d'ensemble et grimpa sur sa moto Harley Davidson. La jeune fille se dirigea vers le café du coin et en ouvrit la porte principale. Ses beaux yeux bleus firent le tour de la pièce, cherchant quelqu'un qu'elle connaissait et elle aperçut, assise à l'une des tables du café, justement, Ivy ! D'une démarche gracieuse, elle s'approcha de la jeune femme et se posta près d'elle en l'abordant : « Ivy ! Quelle drôle de coïncidence ! Ça va ? » Puis, désignant la chaise libre Mack ajouta : « Je peux ? »