À nous maintenant ! [PV :Adriano L. Ribeiro-Reis ]
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Sujet: À nous maintenant ! [PV :Adriano L. Ribeiro-Reis ] Sam 21 Juil 2012 - 0:46
Dernière édition par Alistair Hänzel le Dim 22 Juil 2012 - 10:24, édité 2 fois
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Sujet: Re: À nous maintenant ! [PV :Adriano L. Ribeiro-Reis ] Sam 21 Juil 2012 - 2:06
À nous maintenant !
Alistair & Adriano
Nous sommes mercredi. J'aime les mercredis. C'est une journée de cours brève, non pas que je n'aime pas l'école, mais cela me permet de parfaitement équilibrer mes études et mes occupations autres – comme le piano, la photo, ou simplement voir mes amis. J'admets que je n'en avais pas énormément, mais au moins ils étaient des amis, et pas le genre de personne qu'on croise au coin d'un couloir et qu'on salue vite fait sans même se souvenir de son prénom juste parce qu'on l'a rencontré bourré à la dernière soirée du gars le plus populaire du lycée. Enfin bref. Je ne vois pas pourquoi je parle de tout ça. Ni même des mercredis ordinaires, vu que celui-ci est un mercredi de vacances.
Et pourtant, je suis au lycée. Oui, vous avez bien lu, au LYCÉE. Je n'étais pas en rattrapage – si je saute une classe, ce n'est pas pour devoir suivre des classes d'été, hein ! –, loin de là. En fait, en raison de mes résultats, le professeur de portugais m'avait demandé si cela m'intéresserait de l'assister pendant les vacances pour les rattrapages. En même temps, mes notes n'étaient une surprise pour personne, pas même pour moi. Je suis brésilien et suis arrivé ici il y a à peine cinq mois, avant ça je parlais portugais H24. J'allais être payé – certes, au noir, mais ce n'était qu'un détail – et connaître ce que c'était qu'un travail. Ce sont les deux raisons qui me poussèrent à accepter. Puis, j'appréciais assez le professeur, sans doute parce qu'il me laissait étudier mes autres matières pendant ses heures de cours vu qu'il n'avait rien à m'apprendre. J'étais donc arrivé le matin à 9h30, les cours commençant une demi-heure plus tard, l'avais aidé pour préparer la classe, organiser ses copies, et cetera.
La journée d'assistanat se déroula normalement. Je n'en étais pas à ma première, je connaissais déjà le déroulement, m'étais habitué aux élèves, à leurs questions, à leurs capacités. J'avais ce don de facilement analyser les personnes que j'ai en face de moi et leur personnalité, leur comportement. C'était une faculté plutôt utile et agréable à posséder. Elle me permettait de prévoir la réaction des gens, de savoir quoi leur dire pour les faire aller dans mon sens, les calmer, les faire percuter. Je n'utilisais jamais cela dans un but mauvais, je ne pourrais pas ! En général, c'était pour éviter les disputes. Les conflits étaient une chose dont j'avais horreur et que j'essayais toujours de tenir éloigné de moi, de mes proches ou même des personnes autour de moi. Quand je voyais un couple d'inconnus se disputer en rue, je devais me maîtriser pour ne pas aller jouer au thérapeute conjugal. Bon, il y avait toujours des cas où il m'était totalement impossible de déceler quoi que ce soit chez l'autre. Je ne suis pas non plus un mentaliste comme on en voit dans les séries, hein ! Je n''ai pas suivi une sorte de formation, ou été engagé par le FBI, la CIA ou je ne sais pas quelle autre organisation du genre, dans le but de résoudre des enquêtes grâce à mes talents – d'ailleurs, j'en serais bien incapable.
Soit, je m'égare encore une fois. La cloche sonna, il était quatorze heures. La fin de la journée était arrivée. Les élèves commencèrent à ranger leurs affaires. Certains venaient d'émerger de leur somnolence commune, sûrement pas intéressés par le cours, d'autres plus sérieux avaient refermé leurs bouquins et posaient des questions au professeur. En voilà qui n'avaient pas envie de doubler. Tu m'étonnes, moi non plus je ne voudrais pas. Une fois la classe vide, il ne restait que le prof et moi. Comme j'avais l'habitude de rester un peu en classe pour être sûr que rien ne traînait, pour tout bien ranger dans les armoires et les tiroirs du bureau, ainsi que celle d'arriver une demi-heure avant le début des cours, il m'avait confié un double des clés. Il quitta donc la classe et le lycée après s'être assuré que je n'avais pas besoin d'aide et que tout se passerait bien. Je lui avais assuré que non, qu'il pouvait s'en aller tranquille. J'avais l'habitude de toute façon. En ce moment il restait rarement grand-chose à faire, les élèves prenant leurs marques dans la classe et apprenant à ranger après leur passage. Alors je lisais un peu le programme du lendemain et me préparaient aux questions que je pouvais avoir.
C'était d'ailleurs ce que je faisais à l'instant. J'étais débout vers l'avant de la classe, en plein milieu des premières rangées de bancs, dos à la porte. Le cours allait porter sur un point grammatical assez important mais pas toujours évident : la voix passive. Ça promettait ! Tellement absorbé par ma lecture, je n'entendis pas les pas derrière moi. Des pas que je faisais tout pour éviter en temps normal, mais là je n'étais pas préparé. C'est lorsque la porte claqua – je ne sais pas si c'était voulu, la fenêtre ouverte en battante avait pu provoquer un courant d'air, et je ne le saurai donc probablement jamais – que je sursautai et me retournai brusquement. En voyant le visage que j'avais en face de moi, j'aurais aimé disparaître. Que le sol s'ouvre sous mes pieds et que GLOUPS ! je sois avalé par ses entrailles. S'il y avait bien une personne que je n'avais pas envie de voir maintenant, c'était lui. Alistair. Un beau prénom, je l'accorde. Mais je n'aimais pas ce gars. C'était le genre de mec populaire que tout le monde vénérait, que tout le monde voulait fréquenter, connaître, approcher, toucher, ce qu'il savait bien et dont il n'avait absolument pas honte. Au contraire, il semblait particulièrement aimer ça et je le trouvais bien trop sûr de lui. À mon avis, son lit devait connaître plus d'une ou deux filles par semaine, si vous voyez ce que je veux dire.
Et pourtant... Je ne comprenais pas. Tout en luit me dégoutait, m'écœurait, me révulsait. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser à lui – pas à chaque seconde qui passait, mais cela arrivait quand même trop souvent à mon goût. Je ne savais pas pourquoi. Comparable à l'aimant qu'on fixe sur le frigo, j'étais comme attiré par lui. Comme si le destin me poussait dans ses bras. Je pense d'ailleurs que s'il me les ouvrait, j'aurais dû mal à résister à l'idée de m'y blottir. Il avait des bras puissants, des bras dans lesquels on devait se sentir en sécurité, protégé, chéri, aimé. Une chose qui me manquait. Certes, Diego – mon frère – me protégeait, me surprotégeait même. Mais ce n'était pas pareil. D'ailleurs, il ne pouvait pas me protéger de tout, s'il savait... Pour en revenir au jeune allemand – il est plus vieux que moi de trois ans en fait... hem – je pense que c'était la raison pour laquelle je l'évitais. Que si je disparais au détour d'un couloir lorsqu'il arrivait à l'autre extrémité, c'était parce que je ne voulais pas endurer le supplice de devoir l'observer sans même lui adresser la parole, lui sourire, lui faire un minuscule signe de tête. Heureusement, je faisais du théâtre depuis mes six ans, et il m'était très facile de mimer toutes les émotions, dont la haine. La haine pure et dure. Donc, dès que je le croisais, je m'efforçais à mettre toute la haine de mon corps dans mon regard. Et à force, j'ai réellement commencé à le haïr encore plus. Non seulement pour qui il était, mais aussi pour ce qu'il me faisait ressentir lorsque j'étais en sa présence. J'étais donc déchiré entre deux sentiments. L'attirance et la haine. Deux sentiments totalement opposés mais tellement complémentaires. Presque semblables.
Alistair était donc dans la classe, appuyé contre la porte, les bras croisés. Il avait une mine déterminée. Le genre de mine qui, si votre père ou votre mère l'arbore, vous pousse à exécuter le moindre de leurs ordres. Il me fixait. Je n'aimais pas ça. Non seulement parce que je sentais la flamme de la haine brûler en moi de plus belle, mais aussi parce que j'avais envie de plonger mes yeux dans le sien, de ne plus briser ce lien par le regard, de m'approcher de lui, de l'enlacer, le caresser, l'embrasser. Je m'empressai de chasser ces images de mon esprit. Je ne pouvais juste pas les supporter parce qu'elles étaient tout ce qu'il de plus impensables. Je jetai un rapide coup d'œil autour de moi. Droite, gauche. Aucune issue. Aucun moyen de lui échapper.
« Comment feras-tu pour m'éviter cette fois-ci ? »
Même sa voix réveillait en moi quelque chose d'indescriptible que j'aurais aimé ne jamais connaître. Je lui répondis en détournant le regard le plus rapidement possible, feignant de rassembler les feuilles que j'avais laissées tomber sur le bureau le plus proche en entendant le bruit de la porte.
« Hem, hé bien... j'imagine que je devrai consentir à ne pas le faire et à rester dans la même pièce que toi. »
Je pris les documents, prêt à les ranger dans mon sac à bandoulière habituel. En me retournant, je ne pus m'empêcher de le regarder de haut en bas. Mes yeux frôlèrent d'abord ses pieds, chaussés évidemment, avant de remonter le long de ses jambes qui semblaient tout aussi puissantes que ses bras dans son jean, de caresser son torse que je reconnaissais musclé – et qui ne me laissait pas indifférent, je l'admets – et de finir par son visage qui m'était apparu plus d'une fois dans mon sommeil. En général, je me réveillais en sueur ces nuits-là. Mes yeux recroisèrent les siens et j'eus du mal à m'en défaire. Je m'approchai de quelques pas, comme si une force mystérieuse et impalpable appuyait dans mon dos, me poussant vers lui. Ma main droite avait même commencé à s'élever vers lui et brusquement, je m'arrêtai, me rendant compte que mon comportement était des plus étranges.
« Heu... Excuse-moi. »
Je clignai brièvement des yeux, me retournai une fois de plus, allai vers le bureau, attrapai mon sac et fourrai les feuilles que je tenais à l'intérieur. Je me remis face à lui, posai mes fesses sur le bord du bureau et mes mains un peu en arrière, m'appuyant de tout mon poids sur mes trois membres.
« Tu veux quoi ? Si t'es venu me chercher des ennuis, je te préviens, mon frère se fera une joie d'intervenir, il est en numéro favori. »
Bon d'accord, cette réplique était nulle. Mais je préférais ne pas lui donner moi-même des armes contre moi. Je ne suis pas du genre à tendre le fouet afin de me faire flageller.
Sujet: Re: À nous maintenant ! [PV :Adriano L. Ribeiro-Reis ] Sam 21 Juil 2012 - 18:23
Dernière édition par Alistair Hänzel le Dim 22 Juil 2012 - 10:25, édité 1 fois
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Sujet: Re: À nous maintenant ! [PV :Adriano L. Ribeiro-Reis ] Dim 22 Juil 2012 - 0:16
À nous maintenant !
Aliano.
Avez-vous déjà assisté à ces expériences menées en laboratoires sur de pauvres rongeurs, le plus souvent de petits rats albinos aux yeux rouges comme injectés de sang ? Pas celles où on teste le niveau de dangerosité des cosmétiques bourrés de produits chimiques et où les observe se transformer en mutations génétiques que même le plus farfelu de tous les inventeurs, comme le docteur Frankenstein, n'aurait jamais pu songer à penser à concevoir. Plutôt le genre où un groupe de scientifiques tout autant dérangés les uns que les autres s'amuserait à faire des études comportementales en enfermant cette pauvre bête dans une sorte de labyrinthe dont il doit sortir – objectif qu'il met bien du temps à atteindre. Hé bien je me sentais à sa place. J'étais dans la peau du rongeur, pris au piège. Sans issue, sans solution, sans idée. Mon mental s'en retrouvait au même point que celui de l'animal : en panique. Moi qui avais d'habitude l'art et la manière de me glisser par les chemins les plus incongrus seulement pour éviter ce "prédateur", voilà que j'étais prisonnier. Je n'arrivais pas à croire que j'avais pu me faire avoir aussi facilement. En même temps, que faisait-il au lycée en été ? Il devait suivre le rattrapage c'est certain car je ne l'avais jamais aperçu dans la salle des tuteurs. Je connaissais son horaire, les locaux où il se trouvait et à quelle heure il s'y trouvait, la composition de sa classe et celle du groupe avec qui il trainait à la cafet', mais ses notes – qui étaient quand même la plus personnelle de toutes ces informations – je n'en avais jamais eu un écho, un aperçu. À vrai dire, tout ce que je savais, je l'avais appris suite à mes heures (hem) d'observation. Pour ses résultats, j'aurais dû demander des renseignements à quelqu'un et je ne voulais pas que qui que ce soit sache ce que j'éprouvais à son égard.
Supposons un instant que cela venait à se savoir. J'aurais deux problèmes primordiaux : la perte de crédibilité – et donc sûrement de confiance – et des imbéciles qui supporteraient mal ma sexualité indéfinie. Les gens au lycée, surtout les garçons, ne se retenaient jamais d'y aller de leur petite remarque homophobe dès qu'ils en avaient l'occasion, et je doute que je ferais exception à la règle. Si cela arrivait, je pense que je m'enfermerais chez moi. Dans ma chambre de la coloc', et que je n'en sortirais plus. Je suis déjà assez instable en ce moment, si on rajoutait à cela les regards, les messes basses à mon passage et les insultes fréquentes des autres, ce serait bien trop dur pour moi. Pour ce qui est de mes proches, ils s'imagineraient sans doute que je mentais en disant que je ne supportais pas tous ces gens trop orgueilleux et sûrs d'eux. Et je ne voudrais pas qu'ils se sentent trahis en apprenant cela. Enfin bref.
Il n'avait pas pipé mot. Pas un seul. Depuis le moment où j'avais réalisé que j'étais coincé et lui avait dit que j'allais bien être forcé de supporter sa présence à celui où je m'étais installé sur le bureau, lui faisant enfin face et plus déterminé que jamais à ne pas lâcher. Pas une phrase, pas un mot, pas une syllabe, pas une lettre. C'était étrange. Pourquoi ne faisait-il que m'observer ? Était-ce un moyen pour lui de me mettre la passion ? Quoi qu'il en soit ce mutisme n'était pas très agréable. J'aurais même préféré qu'il s'énerve, au moins il y aurait eu de la conversation. C'est vrai qu'une telle attente de ma part pouvait sembler assez étrange de ma part, alors que je faisais tout pour justement ne pas être confronté à lui. Mais maintenant que nous étions face à face et seuls qui plus est, pourquoi ne disait-il rien ?
C'est alors qu'arriva ma mise en garde, où je précisai bien que mon frère ne rechignerait pas à rappliquer. Force était d'admettre que j'aurais mieux fait de me taire. Non pas qu'elle pourrait provoquer en lui de la colère ou quoi que ce soit, mais je passais juste pour le pire des gamins. Moi qui était justement désespéré par tous ces lycéens qui me voyaient comme le petit frère de Diego et me considéraient donc pour la plupart comme une peluche à protéger, voilà que je menaçais de faire intervenir mon frère. J'étais assez pathétique.
Pendant que je perdais mon temps à me faire ses reproches intérieurement, le jeune allemand avait foncé droit vers moi. Il m'avait encerclé de ses bras, posant ses mains derrière moi sur le bureau à proximité des miennes. Je sentis même ma main gauche recouverte de la sienne. Le contact de sa peau me fit frissonner de tout le long de colonne vertébrale. J'amorçai un léger recul de la tête et du haut du corps, sous l'effet de surprise. Nos visages n'étaient maintenant plus séparés que par quelques centimètres à peine. Cette proximité me permit d'observer chacun de ses traits, sans exception. Des traits qui, de près, étaient encore plus beaux que lorsque je les repérais de loin. Je pouvais également sentir son odeur. Une odeur qui, je le savais, allait s'ajouter à la vision dans mes rêves. Une odeur qui hanterait mes nuits, qui les rendrait encore plus ardues qu'avant. Une odeur si délicieuse, si envoutante, si enivrante. Je dus faire un réel effort pour réussir à nous contenir, mes idées et moi. Mes yeux avaient coulé dans le bleu des siens. Je ne pourrais parvenir à rompre ce lien. Je ne voulais y parvenir.
« Pourquoi m'évites-tu ? J'essaye juste de comprendre ton comportement envers moi et tu ne m'aides pas beaucoup pour ça, en me fuyant de la sorte. »
En même temps qui me dit cela, je sentis sa main, forte et puissante, augmenter sa pression sur la mienne. Était-ce un signe d'énervement ? Sans doute. Je n'en savais rien. Je n'étais pas dans sa tête, malheureusement. Je voulais savoir. Cet amincissement de la faible distance qu'il restait encore entre nous me déstabilisa de plus belle. Je ne parvins à dire mot. Je ne sentais que sa main sur la mienne, le contact avec sa peau encore plus accru. J'aurais pu rester ainsi des heures. Rien que cette main me suffisait. Seulement cette main. J'étais réellement obsédé, cela faisait peur à voir. Je surpris même mon pouce qui avait réussi à se dégager en train de caresser lentement le tranchant de sa main. J'arrêtai aussitôt, même si l'acte – et peut-être l'erreur – était déjà fait. J'étais partagé par un sentiment de bien-être provoqué par notre rapprochement, et ma tête qui me hurlait de le repousser. De me dégager, brutalement s'il le fallait, moi qui ai pourtant horreur de la violence. Malgré tout ce qu'il se produisait, ce feu de haine pratiquement inexpliquée n'avait cessé un instant de brûler en moi.
« Réponds ! »
Ce simple mot, cet ordre ne fit qu'attiser la flamme. C'était sans doute une façon pour lui de me faire comprendre qu'ici, il était le maître. Que je n'avais pas intérêt à me rebeller si je voulais m'en sortir. Sous le choc de l'intonation, je fermai les yeux, tournant légèrement la tête vers la droite, vers la classe. Peut-être venais-je de montrer un signe de faiblesse, non... c'en était certain. Mais c'était un réflexe naturel chez moi, qui avais horreur des situations du genre. Mais qui sait, peut-être avait-il une âme sous tout ce genre qu'il se donnait et qu'il n'en profiterait pas. Je gardai la tête baissée mais mes yeux rejoignirent bientôt les siens. Il était peut-être temps que je lui réponde. Mais que dire ? Improvisation, heureusement que je connais.
« Je... je t'évite parce que j'ai mes raisons, d'accord ? Des raisons que tu ne voudrais pas connaître et qu'il ne vaut mieux pas que tu connaisses. Vraiment. »
Mon visage n'avait pas retranscrit de colère. C'était impossible, mon être lui-même ne savait pas ce que je ressentais pour lui. Comment aurais-je pu faire ressortir une émotion ? Il avait gardé cet air d'enfant qui n'aurait pas eu sa barbe-à-papa et qui le vivait très mal. Un air qui faisait craquer bon nombre de filles. À croire que celles-là n'aimaient pas les brutes, les mecs qui jouaient au dur et les traitaient comme des objets, des esclaves, des défouloirs pour leurs surplus d'hormones. J'avais souvent entendu que les femmes avaient un faible pour les hommes plus sensibles, plus doux et romantiques. Des hommes comme moi. Bon, je ne suis pas encore vraiment un homme, mais tout de même. Peut-être que cet aire d'ange déchu pourrait attendrir Alistair – même si j'évitais de me faire toute fausse illusion.
À ce moment, j'étais prêt à l'embrasser, le repousse ou fondre en larmes dans ses bras. Des larmes de tristesse, de colère, de désespoir, de haine. Je ne le savais pas. Il valait mieux qu'on en reste là. Cela risquait de virer à la catastrophe, et je préférais éviter cela. J'aurais préféré ne plus devoir le voir, ne l'avoir jamais connu. Être ailleurs. C'était tellement compliqué. Je déglutis avec difficulté.
« Tu ferais mieux de rentrer chez toi, de me laisser partir. Crois-moi ce... s'il te plait. C'est le mieux. Pour nous deux. »
Tout en lui faisant cette demande, je posai ma main libre – la droite – sur sa poitrine pour légèrement le pousser et ainsi l'inviter à s'écarter. Fus-je le seul à l'avoir senti ? Ce... cette chose. Je ne savais pas quoi, et ne le sais toujours pas. Vous savez, comme lorsque vous mettez deux câbles électriques en contact et que des étincelles jaillissent de leur point de rencontre. C'est la meilleure métaphore que je peux trouver pour représenter ce qu'il se produit, même si cela semble encore insuffisant. Mon regard, qui avait accompagné ma main, se détacha de celle-ci pour lentement remonter vers le sien. Je pris une profonde inspiration, bouche légèrement entrouverte. Le genre d'inspiration tremblante qui ne laissait pas de doutes. J'avais l'impression d'être dans Twilight, c'était fou. Mais subitement, il ne resta plus une braise de l'incendie intérieur qui trente secondes seulement auparavant embrasait mon être tout entier. Je restai alors là, mes yeux fixés dans les siens, ne sachant pas du tout quoi faire. Je savais juste que quelque chose allait arriver. Je ne savais pas ce dont il s'agissait, ni si j'allais y prendre goût ou non, mais c'était le genre de choses qui ferait mieux de ne pas avoir lieu. Je sentais que tôt ou tard, on le regretterait, peu importe de quelle manière.
Sujet: Re: À nous maintenant ! [PV :Adriano L. Ribeiro-Reis ] Dim 22 Juil 2012 - 16:00
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Sujet: Re: À nous maintenant ! [PV :Adriano L. Ribeiro-Reis ] Lun 23 Juil 2012 - 1:53
À nous maintenant !
Aliano.
Je respirais avec difficulté. Non pas que je faisais une crise d'asthme – Dieu merci, imaginez si j'étais asthmatique ce que ça aurait donné... – mais je n'étais pas habitué à ce genre de situation, on va dire. Et surtout avec Alistair qui, je pense que vous l'aurez compris, était loin de me laisser indifférent malgré ce que j'avais beau prétendre. L'air qui se glissait dans mes narines amenait avec lui la douce odeur de son parfum. Un parfum que je pourrais reconnaître entre milles. À dire vrai, j'avais le même pour l'hiver. Je l'ai acheté en novembre, la bouteille de 200ml, il n'est toujours pas vide ! Mon choix n'avait en rien été influencé par le fait qu'il le portait. Bon, un peu quand même je l'avoue, mais pas complètement. En fait, j'avais longuement hésité entre le sien et One Million de Paco Rabanne. Je finis par opter pour celui qu'il avait l'habitude de porter. Je pensais qu'il me remarquerait peut-être grâce à cela, et même que ça lui mette la puce à l'oreille, qui sait ? Et en même temps, j'avais l'impression d'avoir une partie de lui avec moi. Le Mâle, de Jean-Paul Gauthier. Vous savez, le flacon bleu dont la forme est celle du torse d'un homme et de son fessier. Flacon plutôt pas mal, il va sans dire. Déjà sur moi, j'étais tout retourné par ce parfum mais alors sur lui... Mais alors sur lui, il avait un réel effet dévastateur. Une sorte de vingt-et-un décembre en avance en mon for intérieur. Pendant que je profitais de ce délice olfactif, mes yeux sombraient éternellement dans les siens. Comme une personne se jetant d'un pont après avoir pris soin d'accrocher une enclume à son pied à l'aide d'une corde coulerait dans la rivière. Je me sentais couler au fond, m'éloignant de plus en plus de la moindre source d'oxygène et sans n'avoir plus aucun moyen de revenir en arrière. Cette situation était pourtant loin d'être désagréable. Au contraire, je me serai presque cru dans l'un de mes rêves mais en cent fois mieux.
Lorsqu'il ôta sa main de la sienne après avoir senti mon pouce en action, je clignai des yeux. Il avait baissé les siens vers nos mains, rompant ainsi le lien. Je ne sais pas si c'était vraiment une mauvaise idée, au fond. Alors que je sentais de la déception grandir en moi, il reposa sa main à côté de la mienne et j'en sentis la présence. Cela me réconforta. Il ne voulait donc pas complètement s'éloigner. Quand il remonta la tête, j'essayai de voir dans son regard la raison de cet écartement. Je ne sais pas trop ce que j'y vis. Il était devenu un tel maître en maîtrise de soi et en manipulation que je ne réussis pas à entièrement identifier de quoi il s'agissait. Vous vous souvenez des rares personnes dont je n'arrive pas à analyser le comportement dont je vous avais parlé ? Il en fait partie. Peut-être était-ce ça qui me poussait vers lui tout en me faisant le détester. Peut-être était-ce justement le fait qu'il représentait l'inconnu, la différence, le risque.
La suite des événements s'enchaîna rapidement. Mais je n'avais toujours pas connaissance de ses sentiments ou de ses émotions. Il les cachait trop bien. Et je ne regardais jamais au bon moment, en plus. Vers la fin par contre, je pus remarquer de la colère. C'était donc ça... Il était fâché. J'étais sûr qu'il me haïssait lui aussi à ce moment. En même temps, il y avait de quoi. Je ne faisais que le fuir. Encore et toujours. C'était une sorte de cycle perpétuel. Comme le tigre qui court après la gazelle. Elle disparaît sans cesse. Mais arrive bien un moment où elle ne peut plus s'échapper et où elle est confrontée à son destin de proie. Mais tout cela s'envola avec ma main. Celle que j'avais posée sur son torse. Au niveau de son cœur en plus, je ne m'en étais même pas rendu compte directement. Signe du destin ? Si seulement. En y regardant mieux, et surtout avec un peu de recul, je n'étais visiblement pas le seul à avoir ressenti cette force cosmique qui me parcouru le corps lorsque j'entrai en contant avec lui par ce geste pourtant si simple et presque insignifiant – j'ai bien dit presque hein, parce que bon quand même...
Subitement, il relâcha tout. Il accéda à ma requête formulée quelques instants plus tôt. Comme ces jouets électriques vieux et usés qui mettaient du temps à démarrer. Comme s'il venait seulement d'être remis en contact avec le monde qui l'entourait. Il était déjà à la porte. Il me fallut un temps pour réaliser. Tous mes muscles se relâchèrent à l'unisson. J'étais mieux, non pas parce qu'il s'éloignait – j'admets que j'aurais préféré qu'il reste – mais parce qu'au moins, c'était clair maintenant et je ne me ferais plus de faux espoirs : il ne ressentait rien. Absolument rien. Je l'observais de loin, il était dos à moi. Tant mieux. Je ne pense pas qu'il me faudrait encore longtemps pour qu'une petite larme... bon ok, le déluge ne se mette à couler. Je n'y peux rien si je suis hypersensible, quoi. Je me passai la main dans les cheveux – manie que j'avais quand j'étais mal à l'aise, ennuyé ou contrarié – en baissant la tête ainsi que les yeux et scrutai un point fixe au sol, juste devant mes pieds. N'entendant pas la porte s'ouvrir, je relevai le regard et croisai le sien. Je ne l'avais pas vu se retourner par contre je voyais bien son pas déterminé. Toujours le même. Que me voulait-il maintenant ? Allait-il me coller un pain histoire de bien me faire comprendre que je devais rester à ma place ? Je n'en savais rien et franchement, je n'étais pas rassuré. Je sentais ma respiration s'accélérer de nouveau. J'ai cru qu'il allait me tuer.
Mais ce qu'il fit n'eut rien à voir avec tout cela. Absolument rien à voir. Et je préférais vachement ce qu'il se passa à ce que j'avais imaginé quelques instants plus tôt. Il m'attrapa par la taille, me collant ainsi à lui et plaqua ses lèvres contre les miennes. Mon rêve devenait réalité – hem. Je sentis premièrement chacun de mes muscles se bander, mes yeux se fermer brusquement et mes lèvres se pincer. Mes fesses se contractèrent brutalement. En général, c'était la partie de mon corps qui réagissait le plus souvent aux émotions avec mon visage. Je sais, c'est assez glauque. Mais bon, j'ai l'habitude hein ! Petit-à-petit, je me détendis. Mes muscles se décrispèrent, mes paupières se relâchèrent tout en restant closes et mes lèvres se firent plus tendres, plus agréables, plus actives. Elles rejoignirent très vite les siennes dans leur mouvement, s'entrouvrant légèrement pour lui permettre de se frayer un chemin entre elles. Je remarquai également sa main dans ma nuque qui était cependant arrivée en même temps que l'autre m'avait saisi la taille. Je posai les miennes sur ses joues, les doigts recroquevillés, les dépliant de temps en temps.
Ce baiser était tel un feu d'artifice. Je sentais chaque pétard exploser en moi, accompagné de l'habituelle pluie d'étincelles colorées. Ce n'était pas le petit feu d'artifice qu'on faisait à la kermesse de la ville. Plutôt celui qui accompagnait le quatre juillet, ou le genre qu'on croisant dans je ne sais plus quel château de la Loire pour le concours annuel – j'avais vu ça en géographie il me semble, à moins que je ne l'ai lu quelque part. Une véritable explosion des sens. Je me sentais dans un autre univers, un autre temps, un autre endroit. Ses lèvres étaient délicieuses et je ne pouvais résister à leur goût, à l'envie de ne jamais plus les lâcher. Nos lèvres et nos langues s'emboitaient tels des briques Lego. J'avais l'impression qu'il me dévorait et franchement, j'adorais cela. J'avais l'impression que tous ces sentiments que j'avais tâché de refouler pendant des mois explosaient, plus libres que jamais. Et ça faisait un putain de bien. Alors que je remontais mes doigts entre ses cheveux, que j'attrapai légèrement, je sentis les siens errer dans les miens. Mes mains suivirent en suite sa nuque, s'y croisèrent et restèrent là un moment. Au fur et à mesure que le baiser se poursuivait, il resserrait l'étau de ses bras autour de moi. Je me sentais bien, en sécurité, protégé, soutenu, supporté. Des bras où me glisser quand j'allais mal, où je pourrais fondre en larmes et trouver du réconfort mais également rire aux éclats, sourire à la vie et m'endormir devant un film le soir devant la télé. Des trucs débiles, mais dont je ne pourrais me passer. Nos lèvres finirent par enfin se décoller. Alors qu'il venait coller son front au mien, mes mains glissèrent et vinrent se poser sur sa poitrine. La droite se trouvait donc là où elle avait tout déclenché quelques minutes auparavant.
« Si tu le dis à quelqu'un, je te tue... »
Il expira intensément par le nez et me fit un sourire, petit mais un sourire quand même. Sourire que je lui rendis presque instantanément. Je n'aurais pu ne pas le lui rendre. Je m'aperçus que son visage était encore plus beau quand il souriait, chose qu'il ne m'avait pas été donné de voir souvent étant donné qu'à peine je l'apercevais, je disparaissais. J'avais rarement l'occasion d'observer ses expressions, ses mimiques.
« Je me tairai promis. Ce sera notre secret à nous. »
Mon sourire s'accentua. Je relevai la main droite jusqu'à sa joue que je frôlai du bout des doigts. Sa peau était lisse, douce, agréable au toucher. Comme de la soie. J'aurais pu la caresser des heures, mais pas seulement sa joue. J'aurais aimé découvrir son cou, sa nuque, son torse, son dos, son fessier, ses jambes. Mais je m'en tins à son visage pour l'instant déjà parce que l'endroit était plus qu'inapproprié et aussi parce que tout cela était encore assez nouveau pour moi. J'avais déjà eu des petites copines au Brésil mais Alistair était le premier garçon que j'embrassais et la première personne qui réveillait de telles sensations, de tels sentiments, de telles émotions. Le premier avec qui le baiser était autre chose qu'une simple rencontre de lèvres mais bien la communion de deux esprits qui avaient été indiqués pour être ensemble – mais non voyons, je n'exagère pas !
« J'ai attendu ça pendant si longtemps... Si j'avais su. »
Et je l'embrassai à nouveau. Mais pas d'un baiser langoureux qui visait à vous avaler la luette ou à vous lustrer les amygdales. Un simple baiser sur les lèvres, les yeux fermés, tout ce qu'il y a plus basique. Un baiser plein de tendresse, de douceur, de délicatesse et teinté d'une pointe de passion. Je détachai mes lèvres des siennes, le regardai de mes grands yeux qui étaient soudainement remplis d'espoir et de rêves. Après quoi je m'assis sur le bureau – ho c'est bon hein, je pouvais bien me le permettre pour une fois alors que le prof le faisait à chaque heure de cours –, entourai son cou de mes bras et posai ma tête contre son torse. J'étais bien. J'humai son parfum. Un parfum qui n'allait plus être une hantise mais du réel bonheur en bouteille.