J'avais tellement envie de pisser ... Je me surpris à songer qu'uriner au milieu des autres n'était pas un crime, que m'éloigner pour faire mes besoins n'était peut-être pas si nécessaire. Tous les jeunes qui se déhanchaient sur ce petit espace d'herbe près du lac étaient complètement bourrés. Je l'étais aussi, mais merde, j'allais me faire pipi dessus à coup sûr si j'avais la mauvaise idée d'avaler une seule goutte de bière. Malgré mon état et l'état similaire de mes camarades, je tenais à garder un semblant de dignité. Je fis donc un tour sur moi-même, pour une raison que je ne saurais pas expliquer, et m'enfonçai dans les bois près du lieu de la fête. Je marchai comme si j'avais un balais coincé dans le cul pendant près d'une minute. Je m'arrêtai devant un grand arbre. Je le contemplai pendant plusieurs longues secondes et semblai décider qu'il me plaisait plutôt bien. Je me soulageai au pied de l'arbre. Je poussai un soupire soulagée et me mis à douter. Par quel côté étais-je arrivé, déjà ? Je fis un nouveau tour sur moi même et décidai d'aller tout droit. Puis, je trébuchai sur une racine et m'étalai de tout mon long sur la terre refroidie par la nuit déjà bien avancée. Je me mis à rire bêtement, comme si la situation dans laquelle je me trouvais était hilarante au point d'en avoir mal au ventre. L'idée de me relever pour continuer à marcher en espérant rejoindre le lac ne me vint pas à l'esprit. Non, je roulai dans la terre, mes vêtements s'imprégnant de boue, toujours en ricanant comme un fou. Je m'étirai, attrapai une feuille morte sur le sol et la réduisit en poussière au dessus de ma tête, ce qui me fit rire de nouveau. Je me roulai en boule, et ... plus rien.

Un cri. Je me réveillai en sursaut, et me redressai d'un bond. Je scrutai les alentours et me sentis con en comprenant que ce que j'avais cru entendre n'avait été que le chant d'un oiseau un peu trop enthousiaste. Ce fut à ce moment là seulement que je me rendis compte du mal qui me broyait le crâne. Je posai mes deux mains sur mes oreilles, comme si cela allait changer quelque chose. Je m'assis sur un rondin de bois, et fermai les yeux quelques instants. Cela m'apaisa un peu, mais n'enleva rien à la douleur que je ressentais. Je me rendis aussi compte que j'étais torse nu. J'avais enlevé mon tee-shirt sans m'en rendre compte. Je cherchai mais ne le trouvai pas. Je me demandais vraiment ce que j'avais foutu durant la nuit ... J'avais déconné. J'avais beaucoup trop bu. Mon esprit était encore embrumé et j'avais du mal à me rappeler pour quelles raisons je m'étais rendu dans ce bois. Tout ce que je savais, c'était que m'étais éclaté la soirée dernière. Mes paupières commençaient à se fermer alors qu'un sourire béa venait de se dessiner sur mes lèvres. Mais, je fus interrompu par des bruits de pas rapides. Je me relevai, jetai un regard circulaire à la forêt et aperçus à quelques mètres de moi une silhouette. Je m'approchai de cette dernière, sans oublier de trébucher deux fois sur des putains racines de merde. Je découvris une femme, en train de se faire un footing. Je surpris mon regard descendre le long de ses courbes ... Sans me me rendre vraiment compte de ce que je faisais, je lançai ;

« Eh, jolie p'tit cul ! »

Ce fut seulement après avoir prononcé ces paroles que je me rendis compte de l'impact qu'elles pouvaient avoir. Chaque jours, nous voyions à la télévision des femmes qui se faisaient tuer par des tarés alors qu'elle ne faisaient qu'un jogging. Cette femme allait me prendre pour un fou, c'était certain. La nuit avait été courte pour moi, et pas bien confortable. Je me ne rendais donc pas compte de ce que je disais. C'était comme si mes paroles et mes actes étaient irréels. Malgré cela, je tentai de me rattraper du mieux que je le pus. Je la rattrapai en quelques foulées.

« Hmm .. Enfin, Madame, je suis désolé. Je suis un peu paumé, voyez-vous ? Vous pouvez peut-être m'aider ... »

J'étais encore bourré, torse nu, plein de boue, et je puais la clope. Bref, il y avait de quoi me prendre pour un fou, ce que je n'étais pas loin d'être.

Pour une fois, Emily avait été sage toute la nuit. elle avait passé la soirée seule chez elle devant un vieux film avec un verre de vin à la main et elle s'était couchée tôt. Elle avait prévu de faire un peu de sport le lendemain matin alors elle mit son réveil. un corps comme ça, ça s'entretient, Emily fait attention à ce qu'elle mange et elle fait énormément de sport pour garder la ligne et garder ses formes parfaites. A sept heures, le réveil la sortit d'un joli rêve et elle s'extirpa avec difficulté de ses draps encore chauds.
C'était dimanche matin mais peu importe, elle dormira plus tard dans la journée s'il le fallait. elle alla directement sous la douche pour se réveiller un peu puis elle enfila un short court et un débardeur moulant. elle s'attacha rapidement les cheveux et passa une paire de basket avant de se maquiller légèrement. bah oui, pas question de sortir sans être un minimum présentable. puis elle descendit à la cuisine pour un petit déjeuner rapide.

finalement c'est à 8h qu'elle sortit de chez elle en petites foulées. elle fit le tour du quartier puis se dirigea vers la forêt. c'est toujours plus agréable de courir en pleine nature. certes, on entend beaucoup d'histoires tragiques de joggeuses se faisant tuer dans des endroits semblables, mais comme tout le monde, Emily a tendance à croire que ça n'arrive qu'aux autres.

Les écouteurs dans les oreilles et concentré sur sa respiration, la rouquine ne faisait attention à rien autour d'elle. enfin jusqu'à ce qu'elle entende une voix d'homme lui lancer un truc qu'elle a toujours détesté entendre. elle ne voit pas ce qu'il peut y avoir comme compliment dans ce genre de phrase, pour elle c'est juste dégradant et forcément, elle n'y fit pas attention et elle accéléra même un peu son rythme. Seulement ce type semblait bien décidé à insister. emily finit par lui jeter un regard. le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle fut étonné de l'état du jeune homme. oui, parce que là c'était un gamin qu'elle avait devant les yeux. elle s'arrêta alors, retirant les écouteurs de ses oreilles.

_ Qu'est-ce que tu me veux ?... tu sors d'où comme ça, t'as vu ta dégaine ?

Je me sentais con, tellement con ... J'étais là, dégueulasse et complètement paumé à demander quelque chose d'absolument insensé à une personne que je ne connaissais pas et que je risquais d'effrayer. Même si mon esprit embrumé semblait me jouer des tours, j'étais forcé d'avouer que cette situation était quelque peu étrange, et tout de même assez gênante. Elle ne me montrait pas sous mon meilleur jour, même si il m'était déjà arrivé de me réveiller dans un état pire encore. Complètement à poil, quoi. Enfin bref, je me sentais déjà bien assez humilié comme cela. A nouveau, je jetai un discret coup d'oeil aux alentours, à la recherche de mon tee-shirt disparu. Ce n'était pas que cela me gênait de n'être qu'en pantalon devant une inconnu, mais je me disais que si je le retrouvais, cela montrerait que j'était un minimum civilisé et que le fait que je me retrouve à moitié nu dans les bois n'était pas volontaire. Mais malheureusement, mon tee-shirt restait introuvable à mes yeux. Putain mais qu'est-ce que j'avais foutu ? Et pourquoi avais-je interpellé cette femme ? Elle n'avait rien à m'apporter, car après tout, comment pouvait-elle savoir ce que j'avais bien pu faire la nuit dernière ? J'avais une folle envie de me taper la tête contre les arbres, afin que mon cerveau se remette en place et que la mémoire me revienne comme par magie. Je me surpris à vérifier que je savais bien comment je m'appelais, quel âge j'avais, et où je travaillais. Shayan DeFonteino, dix-huit ans, Tommy's dinner. Bon ce n'était pas si catastrophique. Mais malgré mes efforts, je ne parvenais absolument pas à me souvenir de la nuit dernière. Je me revoyais dans la colocation à discuter avec Hazel et les autres. Puis, plus rien ... Je poussai un grognement à effrayer un crocodile. Je m'approchai de la femme qui s'était arrêtée à quelques mètres de moi.

« Je sors d'où ? Et bien ... »

Je faillis bien lui sortir la bonne vieille blague qui racontait que j'étais sorti de l'utérus de ma mère, mais je me retins. Ce n'était vraiment pas classe. Elle devait déjà me prendre pour un taré, je ne tenais pas à en rajouter une couche. Non, je préférai dire ;

« Justement, c'est là que vous intervenez. Je ne sais absolument pas d'où je sors. Je ne me rappelle plus, c'est .. étrange. »

C'est à ce moment là que je me rendis compte à quel point mon histoire était absurde. J'aurais pu parier qu'elle n'allait pas me croire, qu'elle allait pouffer et s'éloigner. Je ne savais absolument pas par où il fallait que j'aille pour rejoindre un semblant de vie humaine. De plus, mon sens de l'orientation était médiocre. Genre vraiment médiocre. Alors que j'arrivais devant elle, je trébuchai sur une racine de façon horriblement ridicule et me rattrapai à la joggeuse. Mon visage prit une teinte rouge vif lorsque je me rendis compte que ma main droite était sur son épaule et l'autre sur ... son sein. Je retirai vivement mes mais que je plaçai derrière mon dos. Terriblement gêné, je dis ;

« Oh, je suis désolé, je ... n'ai pas fait exprès, je vous assure. On ne dirait pas comme ça, mais je ne suis pas un gars bizarre, je vous jure, je ... »

Je me noyais sous des excuses plus pathétiques les unes que les autres.

Emily n'aimait pas tant que ça les adolescents. Ils sont toujours plein de problèmes plus pathétique les uns que les autres et pour la plupart, ils se sentent obligé de vivre par rapport au regard des autres. Bref, elle n'aime pas trop les fréquenter... sauf certains petits jeunes bien appétissants. Mais bon, en dehors du lycée, elle essai de les éviter au maximum mais apparemment elle les attire comme des aimants. Même en faisant son footing, pas moyen d'être tranquille. Il n'y a qu'elle pour se faire accosté par un pauvre gars complètement paumé.

Et voilà qu'il lui avoue ne plus savoir du tout d'où il sort. Bah voyons, à se demander combien de litre alcoolisé il a pu ingurgité en une seule soirée celui là. Emily ne bougeait pas, lui montrant bien en un mouvement de sourcil qu'il commençait déjà à l'agacer. Mais voilà qu'il manqua de tomber et pour ne pas changer, c'est sur elle qu'il se rattrapa. Elle eut même le droit de se faire ploter. Mais là, c'est un sourire qu'elle eut en le voyant rougir. La jeunesse franchement ! À croire qu'il n'a jamais touché une poitrine de sa vie celui là.

_ Oui, t'as juste picolé toute la nuit et t'as la gueule de bois. Je connais... est-ce qu'au moins t'as retrouvé tes fringues ?