Alors que mes camarades s'amusaient et profitaient du soleil, j'étais de mon côté bien plus sérieuse et mature, le nez plongé dans mes bouquins. Les examens approchaient à grand pas et je n'avais aucunement envie de les rater, non il fallait que je réussisse et que j'entre à l'université. Que je m'éloigne de ces personnes incapables de voir la différence entre la vrai vie et ce qu'on nous montre à la télévision. Peut-être étaient-ils juste trop absorbés par la télévision, c'est peut-être ce qui les rend si stupides et inconscients. Inconscients étaient bien le mot, j'avais l'impression que tous mes voisins vivaient dans une recherche constante de débauche et de pêché. Ne savait-ils donc pas que ce comportement les mèneraient à leur perte?! Ils en avaient pourtant eu une preuve irréfutable avec Brittany. Cette fille vivait dans la débauche, et on savait tous où cela l'avait conduite. Et maintenant chacun semblait vouloir prendre son chemin, ses amis les plus proches encore plus que les autres, transformant Middle Fawkes en une sorte de ville du pêché ou je ne sais quoi... Le Spring Break qui venait de se terminer était une nouvelle démonstration de cette débandade, quand je pense que Hannah voulait y aller, et pire encore elle avait même suggéré que je l'y accompagne. La découverte du corps sans vie de Brittany avait, heureusement, malheureusement, je ne sais quoi dire, mis fin à toute cette perversion. Certes l'évènement était tragique pour la famille Forbes mais au fond de moi j'y étais clairement préparée, tout comme ils auraient du l'être, vu depuis combien de temps la jeune blonde avait disparue. Il faut dire qu'une telle fin était prévisible au vu de son comportement au fil des années, comportement qui ne pouvait que mener à une fin prématurée. En tout cas cela m'avait permis d'avoir un peu de calme dans la maison, chacun étant occupé dans son coin, Matthew à trainer je ne sais où et le reste de la famille à préparer l'éloge funeste du tyran de Middle Fawkes. J'appréciais ce calme et cette tranquilité, contrairement à la plupart des personnes je n'avais aucun soucis avec le silence, mais mon silence si paisible fut troublé par un bruit de sonnette et des coups à la porte. Il pouvait s'agir de différentes personnes mais celle qui se trouvait face à moi lorsque j'ouvris la porte fut probablement la possibilité la moins aléchante du lot... Mackenzie Forbes, la petite amie de Jordan, ou devrais-je dire la peste qui lui sert de distraction pour le moment. « Jordan n'est pas là, au revoir. » Claquant la porte sans même attendre de réponse je n'avais aucune envie de voir cette fille. Elle était comme un fruit pourri, une très mauvais fruit qui pourrissait les autres à son contact. Je ne savais vraiment pas ce que Jordan lui trouvait, il était un bon garçon avant de sortir avec elle, et durant un temps j'ai même cru qu'elle valait la peine et qu'elle était une fille bien elle aussi. Mais comme on dit les chiens ne font pas des chats et avec une soeur comme la sienne, Mackenzie devait elle aussi se révéler un jour ou l'autre être une catin. Alors que je comptais me remettre gentiment à mes révisions des bruits de coups contre la porte se firent entendre. Etait-elle réellement en train d'insister?! Elle savait pourtant pertinemment que je ne la supportais pas, et si je faisais habituellement preuve de politesse pour mon frère Jordan, je n'avais aucune envie de prendre sur moi aujourd'hui, que Dieu m'en pardonne. C'est donc avec un agacement aucunement caché que j'ouvre la porte une nouvelle fois pour lui offrir une réponse bien moins agréable. « Ecoute il n'y a personne d'autre que moi ici et je n'ai aucune envie de t'inviter à entrer pour l'attendre. » Quelle aille se faire voir après tout, cette fille n'est qu'une source à ennuis et elle n'est vraiment pas la bienvenue ici, que ce soit lorsque je suis seule ou lorsque mes parents sont là. Comment pouvait-on être constamment rejetée et continuer d'insister comme si de rien n'était?! Après tout elle était la soeur de Brittany, et tout le monde savait que rien n'arrêtait cette fille.

J'aurais vraiment préféré devenir aveugle que de devoir supporter la vision qui s'imposait à moi, cette fille n'avait vraiment rien pour elle et finalement les aveugles pouvaient être heureux de ne pas avoir à supporter son visage si disgracieux. Et pire encore, sa voix était tout aussi désagréable que sa présence. Elle avait cette voix fluette d'enfant de quatre ans alors qu'elle se donnait des airs de dame, tout ce qu'il y a de plus exaspérant en somme. Pourquoi n'était-elle pas chez elle à pleurer toutes les larmes de son corps pour Brittany, c'est ce que les gens normaux feraient, c'est d'ailleurs ce qu'ils faisaient. Du moins ceux qui aimaient Brittany, moi je me passais volontiers des larmes. Quoi que Mackenzie pouvait aussi se passer des larmes, je l'avais toujours soupçonnée d'en vouloir à sa soeur, à un point tel, qu'elle serait capable de la tuer. « Parce que tu crois que j'ai envie de te voir moi ? Non ! Et c'est vraiment pas le moment de me prendre la tête ma belle alors tu vas gentiment me laisser entrer parce que je ne risque pas de partir de ci tôt ! Je suis venue voir Jordan et si il n'est pas là, tant pis, je l'attendrai le temps qu'il faut ! » Cette fille m'exaspérait au plus haut point, peut-être pourrais-je l'étrangler avec l'antivol de mon vélo, ça ne ferait qu'une Forbes de moins, un bienfait pour l'humanité en somme... Non ressaisie toi Cassie tu ne peux pas devenir comme ça à cause de cette rouquine qui a la grâce d'une ânesse! Je ne m'interposais donc pas plus que ça lorsqu'elle força le passage pour s'introduire dans la maison. La pauvre fille faisait l'autruche, on aurait dit qu'elle se croyait chez elle, comme si une seule personne ici voulait de sa compagnie, ce qu'elle pouvait être aveugle! Mes parents faisaient comme si de rien n'était mais il ne la supportait pas, au contraire même ils faisaient leur possible pour se débarrasser d'elle constamment et caser Jordan avec Delilah, quoi que lui était tout aussi aveugle, il faisait une belle pair au final! En parlant d'aveugle je priais le ciel pour le devenir moi aussi, ainsi que sourde afin d'éviter ce qui se passait sous mon toit. Cette peste s'était installée devant une série niaise et aussi creuse qu'elle, ajoutant à cela la musique, si on peut appeler ça de la musique, de son téléphone portable et le summum du ridicule, elle chantait, faux pour commencer et ne connaissait même pas les paroles. Etait-il réellement possible d'être si mentalement retardée et de pourtant paraitre normale aux yeux des autres, qu'avait-ils tous dans les yeux?! Ils étaient probablement aveugles pour ne pas encore l'avoir internée. J'avais, sans même m'en rendre compte, commencé à passer le bout de mon doigt sur la petite cicatrice se trouvant au bas de mon ventre, souvenir d'une appendicectomie réussie. C'était devenu un réflexe, un tic, que toute ma famille comprenait maintenant, je le faisais toujours lorsque je commençais à m'énerver et que j'essayais de garder le contrôle. Mon père s'en amusait toujours en mettant en avant mon côté atrabilaire... Préférant éviter la casse je déplaçais l'amphore qui se trouvait près de nous pour la mettre en sécurité, avant de retourner aux côtés de ma déplaisante non invitée et d'attraper son bruyant téléphone portable que je faisais voler à travers la pièce me délectant du bruit sourd qu'il produisit en atterrissant sur les pavés de l'allée devant la maison. Un enfant qui jouait dans la rue en fut presque choqué, mais je l'invitais d'un sourire à continuer son jeu, il pouvait même récupérer les morceaux de téléphone s'il voulait, tout ce que je désirais c'était qu'il ne se mette pas à pleurer. Après tout je n'étais pas le genre de fille à faire pleurer les enfants, mais plutôt à les faire rire en m'amusant avec eux. Mais en ce qui concernait la gamine qui se trouvait face à moi, elle, j'avais envie de la faire pleurer. Lui offrant une expression faciale plus que démonstrative de mon ressentie envers elle je lui accordais même un léger sourire, non compatissant évidemment, plutôt même moqueur à dire vrai. Je n'attendais qu'une chose, qu'elle aille chercher son téléphone afin que je puisse fermer la porte derrière elle et ne plus jamais l'ouvrir. Si elle passait la porte il était sûr que je courrais la fermer à clef afin de ne plus la voir. « Ne te gène surtout pas pour le rejoindre dehors, c'est là où tu devrais être sale asticot atrophié! » D'un signe de tête je désignais la porte toujours grande ouverte, laissant voir un ciel recouvert d'altocumulus, une image que j'aurais voulu capturer avec mon appareil photo mais la présence de Mackenzie me dérangeait. Oh et puis je m'en fichais après tout, cette image était parfaite pour mon projet en cours et il était hors de question que je me retienne à cause de cette pseudo anorexique probablement analphabète! J'attrapais donc l'appareil et capturais l'image. Finalement cette peste ne pourrait pas me gâcher la journée, j'étais intouchable, tout le monde savait que le pasteur Jefferson était intransigeant, et plus encore quand on s'en prenait à moi. Si il faisait pour le moment preuve de politesse envers elle, un seul geste de trop envers moi et elle n'aurait plus jamais l'occasion de passer cette porte, que sa soeur soit morte ou non. Je fis un rapide tour à la cuisine pour y prendre des abricots bien mûres afin de les manger devant la télévision, je couvrais les autres fruits d'une feuille d'aluminium et retournait dans le salon où se trouvait toujours la déplaisante Mackenzie. L'assiette de fruit sur les genoux, j'avais pris soin de me poster le plus loin possible de l'agouti que représentait pour moi la petite Forbes. Et sans même me préoccuper de ce qu'elle pourrait ressentir ou dire j'attrapais d'un geste vif la télécommande se trouvant sur la table basse pour mettre quelque chose d'un peu plus intellectuel sur l'écran de télévision. « Ma maison, mes règles, et ne t'imagine pas passer la journée ici car tu n'es pas la bienvenue du tout, et je ne suis pas la seule à penser ça, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué mon père est pasteur ce qui signifie qu'il n'acceptera jamais que son Jordan chéri sorte avec une catin dans ton genre, au contraire il le voit bien mieux avec une adorable anglaise comme Delilah, c'est d'ailleurs probablement pour ça qu'il fait tout pour qu'elle passe un maximum de temps en tête à tête avec Jordan... A qui la faute si tu es aveugle. » J'étais ravie de voir son visage se décomposée, mais il n'y avait rien de nouveau, tout le monde savait que les filles venant d'Angleterre avait plus de classe, Mackenzie avec ses yeux toujours trop noircis de maquillage avait plutôt l'air sortie du désert d'Arabie. Mais peut-être que je pourrais la vendre à un marchand d'esclave qui la baladerait dans toutes sortes de pays, de l'Algérie à l'Afrique du sud en passant par l'Angola, et ainsi elle se trouverait enfin un mari ou mourrait dévorée par des hyènes! Toujours est-il que j'étais fortement partante pour lui ouvrir les yeux, l'aide aux aveugles faisait parti d'un de mes passe-temps. Et si cette aveugle là avait besoin d'aide pour se rendre compte qu'elle pourrissait la vie de mon frère et qu'il se rapprochait de plus en plus de la jolie Delilah, alors je ne pouvais pas la laisser avec cet handicap, proposez à un aveugle de voir et il acceptera, c'était donc le même principe avec Mackenzie non?! Alors que je changeais de chaine je tombais d'abord sur une émission pour enfant dans laquelle ils expliquaient l'antiferromagnétisme, comme si j'avais besoin de ça, j'étais la meilleure de ma classe. J'eu pourtant un instant d'hésitation, une envie de faire une blague vaseuse à Mackenzie sur son jeune âge mais cela n'aurait pas été assez drôle. Je préférais donc changer de chaine à nouveau, pour cette fois-ci tomber sur un documentaire sur les différents oiseaux, voilà un programme plus intéressant. J'en reconnu certain comme l'alouette ou encore l'aigle, un albatros volait avec ce qui ressemblait à une anguille dans le bec avant de se poser près d'une apocynacée, enfin un truc pas très identifiable quoi. Il y avait également une énorme autruche dont le postérieur qui rebondissait à chaque pas me faisait penser à Mackenzie, cette simple pensée me fit sourire mais je me retenais tout de même de lui signaler car le pauvre petit agneau aurait eu une excuse pour aller pleurer dans les bras de Jordan. Afin de ne plus être tentée j'utilisais à nouveau la télécommande pour changer le programme de la télévision. La vue n'en fut pas meilleure puisque je me retrouvais nez à nez avec un anableps qui trop idiot se laissait tenter par l'asticot qui pendouillait au bout d'un hameçon, était-il aveugle pour ne pas voir venir ce piège?! Je décidais pourtant de laisser ce programme, percevant tout le désintéressement de la rouquine à ce sujet dans ses soupirs, bien si cela lui déplaisait alors ce programme me plaisait. Et je m'installais d'autant plus confortablement dans le canapé en jouant avec l'anneau qui se trouvait à mon doigt.