• Il est vingt-deux heures ce soir lorsque je quitte le travail, la tête pleine à cause du boulot mais surtout à cause de la découverte que j'ai faites ce matin. Voilà un petit moment maintenant que j'entretiens une drôle de relation avec un dénommé Aaron. Nous nous sommes rencontrés lors d'une soirée arrosée et de fil en aiguille, après avoir fait vaguement connaissance, nous nous sommes retrouvés dans le même lit pour une nuit d'amour endiablée. Depuis, cette situation se révèle assez souvent sauf que le hic, dans tout ça, c'est qu'il ne s'agit pour lui que d'une relation physique alors que pour moi, c'est différent. Il commence à me plaire. Je n'ai plus envie que de sexe. Je veux autre chose. À vingt-sept ans, ça fait déjà un moment que je devrais être posée voir même mariée et mère. L'une de ces deux choses est en train de se produire. Après plusieurs jours ou je ne me sentais pas bien, prétextant une maladie, n'importe laquelle soit-elle, j'ai décidé de faire un test de grossesse car malgré ce que j'essayais de m'imaginer, j'avais tout les symptômes pour. Quand le test se révéla positif, la peur commença progressivement à m'envahir. Je sais pertinemment que Aaron est un célibataire endurci qui préfère profiter de la vie plutôt que de se poser avec une femme et avoir des enfants sauf qu'il fallait y penser avant d'omettre de se protéger. Pour le coup, que ça moi ou lui, nous sommes tout les deux autant fautif l'un que l'autre. Quittant l'hôpital, je prend donc la direction de chez lui afin de lui annoncer la nouvelle qu'il risque de digérer de travers, contrairement à moi qui suis intérieurement ravie et qui fonde un petit espoir nous concernant. Même minime mon espoir est plus que présent. Je prie toute la route pour qu'il accepte la situation. Me retrouvant devant chez lui, je sonne à sa porte, attendant qu'il m'ouvre.

• Je fais le pied de grue devant la porte de chez Aaron pendant au moins cinq minutes avant qu'il ne se résigne à enfin m'ouvrir la porte. Quand je vois la manière dont il est vêtu, soit une simple serviette de toilette autour de la taille, je vois qu'en fin de compte, je le tire d'une petite détente que beaucoup de monde aiment, le bain. De plus, vu la tête qu'il tire, je dois surement le déranger mais je m'en fiche, ça ne peut pas attendre. Après tout, ce bébé, ce bébé, je ne l'ai pas fait tout seul et il serait égoïste de ma part de garder le secret alors qu'en fait, j'ai vraiment envie de lui en parler, fondant un minime espoir nous concernant sauf que voilà, je ne sais vraiment pas comment lui en parler, là tout de suite. Je suis moins franche qu'avant mon arrivée maintenant qu'il se retrouve devant moi avant sa tête des mauvais jours. Bizarre mais j'ai l'impression de gêner. Salut ... Je me sens vraiment mal à l'aise sur le coup je ne sais vraiment pas comment m'y prendre pour lui dire qu'il va être père d'ici quelques mois. Il faut qu'on parle et ça ne peut pas attendre. Détaillant discrètement son corps d'apollon, pour moi il est clair que ce garçon est fait pour moi. L'espoir fait vivre comme on dit car le connaissant, ça ne doit pas être récipropre. Hôchant la tête, je m'avance pour entrer, cherchant rapidement une manière d'entamer le sujet.

• Le fait de voir Aaron, face à moi, en serviette, ne me gênait pas plus que ça. En fait, ça ne me gênait pas du tout, au contraire. Lui et moi, ce n'est pas une aventure, proprement sexuelle, qui date d'hier. Bien au contraire, ça date d'il y a dès mois même. On a fait connaissance un vendredi soir pour entrer dans les précisions au Red Light, lors d'une soirée plutôt arrosée, je dois l'avouer. Il m'a abordée, on a fait connaissance et sans s'en rendre compte, on s'est retrouvé pour une nuit de folie dans les bras l'un de l'autre. En temps normal, on appelle ça une attirance physique ou une relation sans lendemain sauf que notre attirance physique et bel et bien présente et que la relation sans lendemain se répète assez souvent. Prendre son pied sans sentiments, ça a du bon. Techniquement, c'est ce qui se passait au début sauf que maintenant, à force de le côtoyer, à force de le connaître un peu plus à chaque fois que l'on se voit mais surtout, à force de sentir ses mains sur son corps et ses lèvres contre les miennes, il y a autre chose qui a montré le bout de son nez. Des sentiments naissent de mon côté à son égard mais le connaissant, je sais pertinemment que c'est peine perdu car lui, ça n'est pas son genre de s'attacher à une femme. Il a tout pour plaire ou du moins, pour me plaire. J'aime les hommes de son genre. Une tonne d'histoire pour ... Je n'ai pas eu le temps de terminer ma phrase qu'une fois la porte fermée, il me plaqua contre celle-ci et laissa ses lèvres s'aventurer dangereusement dans mon cou. Normalement, je me serais laissé faire, bien que l'envie ne m'en manque pas mais là, l'heure est à la confidence et quand j'aurais craché le morceau, il me jettera surement dehors de chez lui avec non des caresses mais un énorme coup de pied aux fesses. Le repoussant gentiment, je plante mon regard dans le sien, suite à ses dires et je hoche la tête. Il m'a manqué, oui mais pour l'instant, c'est pas le sujet que je souhaite aborder. Bien sur que tu m'as manqué Aaron mais je ne suis pas là pour m'envoyer en l'air avec toi, bien que l'envie ne m'en manque pas. Si je suis là, c'est parce qu'il faut que je te disent quelque chose de très important. Dans quelques mois, ta vie va changer ... Y aller par quatre chemins, voilà comment parvenir à mes fins.

• Chez Aaron, je me suis habituée au fait que c'est une véritable machine à sexe et que donc, tout tourne principalement autour de ça mais ça m'insupporte tout de même qu'il ne pense qu'à ça alors que j'ai quelque chose d'important à lui avouer. Je tourne autour du pot car je ne sais pas comment lui annoncer la nouvelle. D'ailleurs, comment dire à un homme qui se fiche royalement de se marier et de fonder une famille un jour qu'il va devenir père ? Je dois lui dire et passer par quatre chemins ne sert à rien apparemment alors autant y aller franco et dire les choses clairement. La seule chose que j'espère, c'est qu'il ne me sortira pas la phrase typique du : Tes sur qu'il est de moi ? Parce que oui, il est bien de lui. J'en suis sur à cent pourcent sachant que je n'ai copulé qu'avec lui. L'heure n'est pas au sexe malheureusement. J'ai besoin de te parler, garde ton sérieux pour une fois. Bizarrement, j'ai comme l'impression de le supplier à moitié sur le coup. Je veux qu'il soit sérieux, qu'il m'écoute mais surtout, qu'il réagissent comme il faut et non comme un gamin imature qui refuse de croire ou d'envisager la naissance de cet enfant. Le voyant jouer les hommes de ménage, je souris intérieurement. Tout ce qu'il trouve sur son passage et qui traîne, il le range. Je soupire longuement en l'entendant monologuer sur un sujet, justement hors sujet et je lâche, sans savoir comment d'ailleurs : Ta vie elle va changer parce que tu vas être papa. Je suis enceinte ...

• Ce gars il est sérieux pire que grave lorsqu'il s'y met. Je lui demande un peu d'attention pour pouvoir discuter et lui, la seule chose qui le préoccupe, c'est de tirer un coup avec moi. En temps normal, je me serais pas fait prier mais là, j'ai franchement pas envie, ou si mais c'est pas le moment d'autant plus qu'une fois qu'il sera au courant de la situation, il sera surement refroidi vite fait bien fait. Quand Aaron s'y met, il ressemble à un vrai homme préhistorique ou mieux encore, il ne vit pas dans son temps. Il aurait du vivre dans les années 1 800, là ou les femmes ne parlaient pas et se contentaient de s'exécuter pour un oui ou pour un non. Dommage, je ne suis pas de ces femmes. J'ai mon caractère et ça ne va pas en s'améliorant avec l'âge. Pourtant, Aaron et moi, on s'entend plutôt bien même si au fond, je sais qu'il me considère comme un simple objet sexuel. De mon côté, c'est différent. J'ai des sentiments pour lui que je n'arrive pas à effacer. Comme si Cupidon m'avait planté une flèche en plein coeur. Bien sur, ça, je le garde pour moi. Je ne parle pas affaire, je parle de nous deux. Nous deux ... Si encore il y avait un nous deux, ça serait magique mais l'espoir fait vivre, on le sait tous. Finalement, je parviens à cracher le morceau et vu l'effet que ça lui fait, il doit pas être trop joyeux, contrairement à moi qui rêve depuis toujours de devenir mère de famille même si ce n'est pas forcément dans ce genre de circonstance. Quand le verre tombe et éclate en plusieurs morceaux, je sursaute légèrement. Quelques secondes plus tôt, pénard, il se le servait, sans penser à m'en proposer, préférant poser un verre devant pour que je me servent, chose que je ne fais pas et maintenant, il se retrouve éclater au sol. Il est si surpris que ça ? Je crois bien ... J'ai du l'oublier malencontreusement ... Je l'ai oubliée et n'ayant pas non plus ma période d'ovulation, je ne me suis pas alarmée, pourtant, j'aurais dû, ou pas. Ce bébé, même s'il n'a pas été fait dans l'amour, je compte bien le garder et je compte bien emmener Aaron sur ce chemin avec moi. Je le regarde faire les cents pas et je finis par l'intercepter, me plaçant face à lui pour répondre à sa question : Ce que j'attends de toi ? Que tu assumes ta paternité, rien de plus. Je ne compte pas me faire avorter ni cacher à mon enfant l'identité de son père. Je veux qu'il ai un père, sans forcément te passer la bague au doigt ou te forcer à entretenir une histoire avec moi. Je suis qu'un jouet pour toi, je le sais mais ça, notre enfant ne le sera surement pas ... Lui passer la bague au doigt, ça me plairait mais vu qu'on est pas sur la même longueur d'onde, je peux toujours m’asseoir dessus ...

• Avouer à un homme qu'il va être papa, c'est souvent difficile car généralement, pour eux, la paternité est signe d'emprisonnement avec une femme alors que ça n'est pas toujours le cas. La preuve, même si j'ai des sentiments à son égard et que j'aimerais terminer ma vie à ses côtés, je ne lui impose pas de m'épouser car je porte son enfant. On est plus dans l'ancien temps, faut vivre avec le nôtre. Sa réaction est tout de même brutale. Quand il me demande la chose que je redoutais, soit, si j'étais sur, proprement tourné si c'était lui le père, je hoche un sourcil. Il me prend pour une nana qui écarte les cuisses au premier venu ou quoi ? J'avoue que je ne me prive pas mais faut pas abuser non plus. Je sais que c'est lui le père pour la simple et bonne raison que je n'ai couché ces derniers temps qu'avec lui ou du moins, ces deux derniers mois sachant que je n'ai pas été indisposée depuis un peu plus d'un mois. Je t'en prie Aaron ... Si je te dis que c'est toi le père c'est parce que j'ai couché qu'avec toi. J'ai eu des relations certes mais ça date d'il y a plus de deux mois, voir plus tandis que là, je suis plus réglée depuis plus d'un mois et le test est positif. Faut pas être un descendant d'Einstein pour faire les calculs. Tiens, regarde. Sortant le test de grossesse de mon sac à main, je le lui donne en main propre pour qu'il voient que je ne lui mens pas. Je pourrais l'attirer dans mes filets grâce à ce bébé mais ce n'est pas mon genre. Qu'il assume, c'est déjà une bonne chose. Quand il prend le verre qui m'étais destiné et qu'il le jette au travers d'une vitre, surement du à mon explication et à la preuve fournie, je sursaute une deuxième fois. Quand je vois un filet de sang couler de sa main, je comprend rapidement qu'il s'est blessé. N'osant pas trop l'approcher, je dis : La violence ne résoud rien Aaron ... C'est vrai en plus. Ce n'est pas en brisant tout autour de lui qu'il pourra changer les choses. Ce qui est fait est fait après tout. Lui n'a jamais rêvé de devenir père, moi j'ai toujours rêvé de devenir mère. Il va surement croire que je l'ai fait exprès mais non, justement, c'est un oubli involontaire. Toutes les femmes oublient au moins une fois leurs pilule et malheureusement pour lui, c'est tombé au mauvais moment. Y a pire comme changement ... J'aurais pu te forcer à m'épouser vu que je porte ton bébé mais malheureusement pour moi, on est au vingt-et-unième siècles. Pas le droit de boire, pas le droit de fumer, OK mais les soirées, tu trouves pas que c'est un peu poussé ? Je suis enceinte, pas sur mon lit de mort. Pour quelqu'un qui a un peu de mal à accepter la situation, j'ai plutôt intérêt à me méfier si je veux pas l'avoir dans les cheveux.

• Faut dire que je ne m'attendais pas vraiment à ce genre de réaction concernant Aaron. Elle est plutôt bonne même si d'un coup, il se montre très autoritaire. Dans ma tête, il allait totalement refuser la situation, pouvant même nier le fait que je portais son enfant mais comme quoi, sous ses airs de mauvais garçon se cachent un tout autre homme. Tout le monde a son jardin secret et quoi qu'il disent ou qu'il fassent, je viens d'en découvrir une belle parcelle sauf que, y a un léger petit hic de rien. Je suis tête comme une mule et caractérielle, qui plus est donc, me laisser mener par le bout du nez sans broncher, c'est pas forcément mon genre. Arrête Aaron, on est ni un couple, ni marié. Je porte ton enfant, c'est un fait mais ta pas le droit de polluer mon espace vital. Si je veux sortir, je sors, je sais ce que j'ai à faire et à ne pas faire. Il m'insupporte un peu là. Je trouve sa réaction un peu énorme même si au fond, je trouve ça mignon qu'il veuillent autant s'investir. Genre, Aaron va m'écouter et faire ce que moi je veux. Je crois que je vais l'avoir derrière moi assez souvent. J'ouvre de grands yeux quand il me dit de venir m'installer chez lui en attendant qu'il nous trouvent un appartement ou une maison. Il est tombé sous la tête ? C'est de la torture. Je suis sous son charme, j'ai des sentiments pour lui et lui, il veut que je vive sous son toit, comme une parfaite étrangère, seulement liée à lui par une grossesse. Hors de question. Tu t'imagines même pas l'argent que j'ai investis chez moi. Je ne déménage pas ! Il est borné, et bien moi aussi même si je doute que ça soit moi la pire dans l'histoire.